De l’art «en veux-tu en v’là»

Il y a présentement abondance de publications concernant le domaine artistique. Il est possible de tenter de trouver une explication à cette situation qui est finalement bénéfique, même si un chroniqueur d’art ne sait pas toujours comment s’en accommoder.

Dans un environnement submergé par la technologie, de l’ordinateur fixe ou portable au téléphone «intelligent» en attendant l’intelligence artificielle, un contrepoids est nécessaire à l’équilibre de notre performance intellectuelle personnelle et à l’équilibre social.

Empathie

L’art pictural n’est pas qu’un simple divertissement – et heureusement il en est un – mais il répond aussi à ce que nous sommes.

Nous avons cité J.-P. Changeux et présenté son livre. Un autre neurologue nous donne aussi son avis. «Écouter une musique de Mozart, admirer une fresque de Michel-Ange ou lire une pièce de Shakespeare peut transformer notre cerveau. C’est la magie de l’empathie esthétique par laquelle l’esprit d’un créateur s’incarne et nous métamorphose.

Un effet thérapeutique est possible, parfois spectaculaire, une véritable renaissance abolissant les notions de temps et d’espace, une régénération spirituelle qui nous ressource en profondeur…» (extrait de la 4^e de couverture de Empathie Esthétique, entre Mozart et Michel-Ange, de Pierre Lemarquis, neurologue, Odile Jacob, 2015).

Ouvrages d’art

Les éditeurs de livres d’art pictural en offrent de formats diversifiés, d’intérêt variable selon les goûts de chacun, illustrés abondamment le plus souvent, pouvant compter de 80 à 300 pages, et de valeur monétaire fort différente.

Mais un petit livre peut être aussi riche artistiquement qu’un gros ouvrage. Les descriptions que l’on peut en donner sont donc importantes pour les amateurs d’art, d’ailleurs de plus en plus nombreux.

Voici, en exemples, quelques ouvrages qui peuvent retenir l’attention.

Élie Faure

Les éditions d’art Somogy présentent Élie Faure (1873-1937), personnalité majeure du monde des arts et des lettres, qui se présentait comme un «autodidacte». Récusant l’art officiel, les académismes et autres -ismes, il apparaît comme le fondateur de l’histoire de l’art au XX^e siècle.

Pourtant, sa réputation de «Prince des critiques» lui pèse. Il fuira les commissions et les «chers maîtres», se liant d’estime et d’amitié avec des peintres célèbres ou non, comme Renoir, Bourdelle, Monet, Jourdain, Bonnard, et d’autres.

Annonçant «l’agonie de la peinture», il se passionna l’un des premiers pour les prouesses techniques, le cinéma et l’urbanisme.

L’ouvrage de 64 pages (broché 23×29 cm) comporte 70 illustrations d’œuvres et objets de sa collection personnelle, dont un Modigliani et un Soutine. Et ses photographies de ses propres reportages en Asie «forment un prestigieux cabinet d’amateur ouvert sur l’entre-deux-guerres, quand Paris était la capitale de l’art contemporain».

Émile Friant

Qualifié de «dernier naturaliste», le livre consacré à Émile Friant pas Somogy donne l’occasion, grâce à ses 200 illustrations réparties sur 208 pages, de nous intéresser à ce peintre et au mouvement naturaliste.

Comme le mentionne l’éditeur, «Émile Friant (1863-1932) est un inclassable génie. Cet élève de Cabanel, avec lequel il s’entendra assez mal, en aura acquis la virtuosité et le métier étourdissant. Mais il saura s’éloigner très vite de ce maître trop dogmatique pour révéler toute sa sensibilité, très proche souvent des impressionnistes auxquels on ne peut cependant pas le rattacher.»

Alexandre Cabanel (1823-1889) est considéré comme l’un des grands peintres académiques. Il fait preuve d’une farouche opposition envers toute tendance novatrice, comme le naturalisme (reproduire la nature telle qu’elle est) et les impressionnistes, en particulier Édouard Manet.

On découvre toutes les facettes du talent d’Émile Friant, si multiple et profond dans cet ouvrage. «Il se révèle un peintre profondément original, capable d’allier la plus grande précision dans le rendu sans se départir d’une poésie et d’une verve narrative qui aujourd’hui encore font notre admiration.» Une découverte à faire.

Une collection

Un petit ouvrage est consacré aux «Chefs-d’œuvre de la collection Leiden. Le siècle de Rembrandt.»

La collection Leiden, la plus riche collection particulière de tableaux de l’école de Rembrandt au Siècle d’or hollandais, doit son nom à la ville de Leyde, lieu de naissance de Rembrandt. Ce catalogue est le premier à mettre en lumière plus de trente chefs-d’œuvre de cette collection, exécutés par certains des plus grands artistes de l’art du XVII^e siècle.

Il réunit en effet dix tableaux de Rembrandt lui-même et de nombreuses peintures, tous présentés en pleine page avec une notice explicative (bilingue) sur la page d’en face.

Un chef-d’œuvre de Ferdinand Bol (1616-1680) l’un des plus grands élèves de Rembrandt, Éliézeret Rébecca au puits, se trouve en page 23, et en page 73 le superbe Bénédicité de Jan Steen (1626-1679), huile sur panneau, 1660 (New York, The Leiden Gallery).

Danse

Pour les amateurs de danse, Käfig. 20 ans de danse dans 58 pays sera un excellent divertissement (160 p., 65 illustrations pleine page, Somogy).