De l’art autochtone et de ses interprétations

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Publié 28/05/2013 par Gabriel Racle

Les arts autochtones ou les arts premiers ou les arts indigènes, selon la terminologie que l’on adopte, trouvent de plus en plus leur place dans les présentations qu’offrent les musées, ici ou là. Ils semblent bien avoir le vent en poupe.

Gatineau

On pourrait citer de nombreux exemples dont L’Express a rendu compte: les expositions du Musée canadien des civilisations consacrées à des artistes comme Odjig Daphne, Bob Boyer, les civilisations précolombiennes de Teotihuacan ou des Mochicas, ou l’art Dogon, pour ne mentionner que quelques noms.

Paris

Après une exposition intitulée Aux sources de la peinture aborigène, le Musée du quai Branly à Paris présente jusqu’au 14 juillet une exposition qui rassemble une sélection d’œuvres incontournables des arts des Philippines, sélectionnées dans les collections publiques philippines, américaines, européennes, ainsi que dans des collections privées.

Québec

Plus près de nous, le Musée de la civilisation de Québec présente jusqu’au 6 septembre une exposition consacrée aux Maori, E TU AKE – MAORI DEBOUT.

«Le passé est devant, le futur est derrière, le défi est maintenant. Les Maori laissent le passé guider le présent et laissent le futur embrasser le passé.»

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Cette exposition célèbre la culture maorie en présentant des trésors ancestraux inestimables, des objets contemporains et des œuvres d’art. Ces 155 objets témoignent de l’essence, du courage, de la dignité et des aspirations du peuple maori dans une scénographie faisant se côtoyer l’ancien et le contemporain.

Tradition

Ces expositions nous offrent une vue que l’on peut considérer comme traditionnelle de l’art autochtone. Ainsi les sources de l’art aborigène sont des dessins ancestraux sur les boucliers, couteaux de pierre, bandeaux frontaux, peintures éphémères au sol et peintures de l’art corporel.

L’exposition des Philippines illustre des formes de création qui assurent continuité et équilibre entre les différents mondes auxquels croient les Philippins, supérieur, intermédiaire, inférieur. Celle de Québec est une «incursion captivante dans l’univers du peuple maori de la Nouvelle-Zélande à travers des trésors ancestraux, panneaux, bois, pendentifs, pierres maories.»

Symbolisme

Lorsque ces expositions donnent lieu à des catalogues, ce sont de précieux livres d’art qui permettent d’étudier à loisir les pièces présentées et d’en mieux comprendre la signification grâce à des textes explicatifs.

L’art autochtone est hautement symbolique, et si l’on n’est pas familier avec cette forme d’art, on risque bien de passer à côté de sa valeur symbolique.

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Par contraste, le contenu des œuvres d’art classique nous est habituellement familier, même avec le décalage du temps, paysages, portraits, scies de rue, peintures religieuses, et il n’est pas nécessaire de décoder cette partie pour s’attarder à la composition d’ensemble, aux rôles des personnages, au jeu des couleurs, aux perspectives, aux clairs-obscurs ou autres modalités picturales.

Modernisme

Le Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa présente jusqu’au 2 septembre «la plus grande exposition en son genre jamais tenue dans le monde», intitulée Sakahàn: Art indigène international.

Sakahàn – qui signifie allumer [un feu] chez les Algonquins – est la plus grande exposition d’art indigène jamais organisée par une institution nationale. Plus de 150 œuvres poétiques, surprenantes et audacieuses, réalisées par plus de 80 artistes provenant de 16 pays et six continents y seront en vedette.»

Précision

Rien ne vaut de voir l’exposition pour savoir ce qu’elle est exactement, car l’expression «art indigène» peut prêter à confusion, une confusion que n’éclaire guère, malgré sa signification, le mot Sakahàn.

Il ne s’agit pas d’une présentation d’art autochtone ou indigène traditionnel comme dans les expositions mentionnées précédemment. Le visiteur va découvrir une forme d’art moderne ou contemporain réalisé par des artistes autochtones, qui retraduisent à leur façon le traditionalisme artistique et la conception que l’on a pu s’en faire à travers l’histoire.

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On pourrait parler d’un symbolisme au deuxième degré, qui pour le visiteur peu familier de l’art dit moderne ou non-adepte de celui-ci, sera source de nombreuses interrogations. Il serait bon, si l’on veut approfondir sa visite, de se procurer d’abord le catalogue de l’exposition et d’en prendre connaissance.

Expression artistique

Cet ouvrage, qui reproduit les œuvres exposées, comporte plusieurs articles explicatifs qui peuvent être utiles pour comprendre ce que l’on voit et ce que les auteurs de ces pièces souvent étranges ont voulu exprimer.

Voici ce que dit le communiqué de presse du musée: «À travers leurs œuvres, les artistes examinent les concepts d’auto représentation pour remettre en question les récits coloniaux, présenter des histoires parallèles, valoriser le travail artisanal, explorer les rapports entre spirituel, mystère et quotidien et offrir des visions très personnelles sur les effets des traumatismes sociaux et culturels.

En adoptant divers modes d’expression qui reflètent les particularités régionales, ces artistes ouvrent un dialogue riche et fécond sur ce que cela signifie d’être un artiste indigène dans notre monde actuel. Dans un contexte de mondialisation croissante, cet échange d’idées et d’expériences a le potentiel de laisser en nous une marque indélébile.»

À chacun de juger.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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