Ça fait quelques chroniques que je consacre au français parlé en Belgique. Je n’y peux rien, j’aime la Belgique. J’y ai surtout trouvé l’amour. Ceci explique cela. J’ai déjà écrit, par exemple, sur les belgicismes ou sur les expressions propres à la Wallonie. Mais je ne m’étais pas encore arrêté à un autre phénomène propre à ce pays de dualité linguistique: la traduction des noms de villes.
La Belgique est divisée en trois régions linguistiques: la communauté française, surtout établie en Wallonie, la communauté néerlandophone – ou la Belgique flamande – et la communauté germanophone, qui s’exprime en allemand et qui occupe une petite superficie près de la frontière avec l’Allemagne. La très grande partie de la population parle flamand (ou néerlandais) ou français.
Il existe une certaine étanchéité entre les communautés linguistiques. Je vous épargnerai les détails, mais une des manifestations extraordinaires de cette étanchéité demeure sans doute la traduction des noms de villes.
Si vous vous trouvez en Flandre et que vous roulez sur l’autoroute, vous avez tout intérêt à connaître le nom flamand de la ville wallonne où vous souhaitez aller parce qu’autrement, vous pourriez bien manquer votre sortie. Bien sûr, il y a des faciles: Charleroi reste Charleroi, Bruxelles devient Brussel, Louvain devient Leuven, Namur devient Namen.
Mais il y en a des plus compliqués: Liège devient Luik en néerlandais, Tournai devient Doornik, Enghien devient Edingen. Et le plus fascinant parmi les grandes villes: Mons, qui devient Bergen en néerlandais.
Remarquez que l’inverse est aussi vrai. Si vous êtes flamand et que vous roulez en Wallonie, vous devrez savoir lire Bruges, Anvers, Gand, Courtrai plutôt que Brugge, Antwerpen, Ghent et Kortrijk.