Cynthia-Laure Etom s’est imprégnée de la sagesse des aînés

Court-métrage remarqué à la Course des régions

Court-métrage de Cynthia-Laure Etom pour la Course des Régions
L'affiche du court-métrage de Cynthia-Laure Etom pour la Course des Régions. / Photo : Simon Paindavoine.
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Publié 04/12/2025 par Julie Merceur

C’est l’artiste Cynthia-Laure Etom qui a représenté l’Ontario, avec son court-métrage Fragments de mémoire, à l’édition 2025 de la Course des régions, dont le thème cette année était les aînés. La finale de cette compétition nationale de cinéma s’est déroulée le 29 novembre à Magog, au Québec.

Récompensée d’une mention spéciale au prix Concordia, elle signe un documentaire qui balaye les stéréotypes et met en lumière trois aînés, porteurs de transmission et garants de notre mémoire collective.

Course des régions
Les participants à la finale de la Course des régions 2025. Photo: courtoisie

Un premier court-métrage

Cynthia-Laure Etom est photographe, scénariste et réalisatrice originaire de France. Elle a toujours été passionnée par le fait de combiner image, son et musique pour raconter des histoires.

Cynthia-Laure Etom
Cynthia-Laure Etom.

Arrivée à Toronto, «la ville de tous les possibles», les choses se sont accélérées, raconte-t-elle à l-express.ca. «Ici, les mains sont tendues pour aider. J’ai développé des contacts d’artistes, je suis entrée dans des associations. J’ai même eu ma première exposition physique à l’Université de l’Ontario français.»

Si elle connaissait le concours depuis 2020, elle n’osait pas se lancer. «Je ne pensais pas que j’avais le bagage suffisant. Mais cet été, on m’a reparlé du concours, j’ai échangé avec la directrice. Puis, quand j’étais à Paris avec mes proches, j’ai décidé de le faire.»

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C’est son vrai premier court-métrage, ou en tout cas son premier court-métrage professionnel. Elle souligne que le concours est une bonne opportunité pour débuter, puisqu’il offre aux participants un accompagnement tout au long du processus: mentorat, budget, cadre… Le travail est bien structuré.

Moses Salihou
L’artiste Moses Salihou dans le court-métrage.

Un sujet complexe

Le thème n’a pas tout de suite été une évidence. «Je me suis demandé si j’avais la légitimité de parler des aînés… Après, je me suis aussi demandé ce que je pouvais bien dire», plaisante-t-elle.

C’est en réalisant que tous ceux à qui elle en parlait associaient ce mot à la perte d’autonomie ou de mémoire, qu’elle a trouvé son angle.

«J’ai voulu contrebalancer cette vision en proposant un documentaire illustrant la richesse des aînés, leur sagesse et leur transmission. Entre silence et souffle, le film tisse un poème visuel sur la transmission, l’héritage et ces choses que l’on porte en soi sans toujours les dire.»

Diane Montreuil
L’artiste Diane Montreuil dans le court-métrage.

Des artistes différents, une volonté commune

Pour réaliser son documentaire et répondre au thème, elle a choisi trois artistes du Grand Toronto dont elle suivait déjà le travail:

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• Diane Montreuil, qui peint la mémoire ancestrale et prolonge les gestes de ses ancêtres dans des motifs porteurs de récits et de saisons vécues;

• Moses Salihou, qui peint la mémoire comme une terre intérieure, où les couleurs deviennent battements du temps et fragments d’identité;

• Nina Okens, qui découpe la ville pour en révéler les souvenirs cachés, transformant les passes de métro en cartes sensibles du bonheur.

Par leurs différences, ils représentent parfaitement Toronto dans la diversité de ses cultures et de ses langages. «À travers leurs univers différents, ils portent les couleurs de l’Ontario», illustre Cynthia-Laure. 

Nina Okens
L’artiste Nina Okens dans le court-métrage.

«On crée pour les autres»

Le documentaire, composé d’entretiens individuels, laisse place à la discussion. Sans le savoir, les artistes se répondent et échangent sur leurs arts. Tous narrent leurs racines à travers leurs œuvres: diaspora camerounaise, peuples autochtones, identité torontoise.

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Malgré ces identités différentes, tous veulent transmettre à la communauté.

«En regardant le documentaire, on a l’impression que chaque artiste répond aux deux autres. Trois artistes, trois pratiques solitaires, mais si on gratte, chaque pratique renvoie à la communauté.»

Pour Cynthia-Laure, ce court-métrage est un espace de rencontre qui permet de se souvenir ensemble. Après tout, un aîné veut aussi dire «plus grand que moi». Être un aîné, c’est être un conseiller pour la communauté entière.

La proposition ambitionne ainsi de balayer les stéréotypes négatifs autour du terme «aîné», parfois péjoratif. Dans ce documentaire, être un aîné signifie avoir de l’expérience à transmettre, du savoir, et une capacité à guider.

Et après?

«Ma plus grande fierté, c’est d’avoir été sélectionnée et d’avoir fait un film. Maintenant, j’aimerais continuer à donner plus de voix à ces artistes. Et, pourquoi pas, faire d’autres films. Être réalisatrice, c’est être chef d’orchestre, c’est dialoguer, échanger des expertises. Cette expérience m’a vraiment plu.»

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