Florian François dans le court-métrage «Paris, Ontario» à CBC

«Rares sont les films étudiants aussi réussis», indique Florian François, qui interprète Martin, un touriste français qui se retrouve dans la petite ville de Paris, Ontario (à mi-chemin entre London et Toronto). Alors quand un de ces films est diffusé par la CBC, c’est une très belle «récompense».

Film de thèse du scénariste-réalisateur Arnaud Weissenburger en 2021, diplômé de l’Université métropolitaine de Toronto (anciennement Ryerson), le court-métrage primé de 18 minutes Paris, Ontario nous immerge dans une ville qui n’a de commun avec la capitale française que le nom.

On y retrouve le Québécois Stéphane (interprété par Xavier Yuvens), faisant visiter le pays à son ami français, Martin. Malheureusement, tout ne va pas se passer comme prévu…

La barrière de la langue

Au centre de ce film, il y a la question de la compréhension, du dialogue et de l’écoute.

Martin n’a qu’une envie: voir les chutes du Niagara. Son ami voulait lui faire une surprise en lui faisant découvrir une ville au même nom que sa cité natale.

Mais le touriste français est très vite découragé, surtout quand il mesure à quel point la langue française est un fantôme en Ontario. Résigné, il ne cache plus son amertume… Mais quand un événement surgira au coeur de la nuit, il ne faudra pas abandonner.

Un étranger dans un monde étrange

C’est le sentiment d’être un «étranger perdu» que souhaitait nous faire ressentir le jeune réalisateur. Ce sentiment qui vous prend quand vous vous retrouvez dans un milieu inconnu, où vous ne comprenez personne, et où personne n’essaie de vous comprendre, et vous regarde les yeux grands ouverts.

C’est également l’appréhension qui vous vient quand vous savez que vous n’avez d’autres choix que de parler une langue étrangère.

Si le manque d’envie de faire des efforts de Martin n’est pas un des caractères de Florian François dans la vraie vie, ce n’est pas ce qui a empêché Arnaud Weissenburger (qu’il connaissait) de penser tout de suite à lui lors de l’écriture du script, et de lui proposer le rôle.

«J’ai attendu d’avoir une version correcte du scénario avant de lui présenter le projet et il a tout de suite accroché», raconte le réalisateur. «On a eu beaucoup de discussions pour essayer d’incorporer nos expériences en tant que francophone en Ontario dans le texte.»

Co-fondateur de Franc’Open Mic

L’acteur n’a plus rien d’un étranger dans les rues de Toronto. Il est déjà bien connu sur la scène locale en tant que co-fondateur et co-animateur des soirées mensuelles «à micro ouvert» Franc’Open Mic.

Florian François ne se lasse pas de la métropole ontarienne. Il continue de découvrir des nouvelles choses chaque jour. Et il ne manque pas de souligner qu’«il y a beaucoup de talents à Toronto».

Un miracle de l’ère covid

Paris, Ontario est aussi le fruit d’une époque étrange, durant laquelle nombreux lieux furent fermés, les villes comme arrêtés, et les masques obligatoires.

En 2021, les choses étaient différentes, même chez les acteurs. Florian François explique que ce qu’il retient le plus de ce tournage sous covid, c’est sans doute sa coupe de cheveux. «Les personnes qui me connaissent bien savent que je n’ai jamais les cheveux comme ça!»

Tournage à l’époque de la covid rime également avec «cas-contact». Alors, quand un des membres de l’équipe se retrouva dans ce cas, c’est toute la production qui se retrouva à l’arrêt pendant quelques semaines.

Le cinéma crée de l’empathie

À cette époque, il y a eu des débats sur le côté essentiel, ou non, des oeuvres d’art. Florian François a choisi son camp. «Je crois foncièrement au pouvoir du cinéma pour créer de l’empathie, pour découvrir des cultures, ou des pays.»

«En tant que cinéphile», ajoute-t-il, «il y a beaucoup d’endroits que j’ai l’impression de connaître, alors que je n’y ai jamais mis les pieds. L’art, en général, est très important.»

En plus d’une belle histoire, les bons films ont de belles images. Et c’est exactement ce que l’on peut observer dans la création d’Arnaud Weissenburger. Entre les plans dans la ville, la séquence dans un restaurant, mais aussi le très immersif et impressionnant plan-séquence de fin, ce court-métrage est une réussite technique et narrative.

Ce genre de séquence est difficile à mettre en oeuvre, mais comme l’affirme François, c’est «l’esprit d’équipe», la cohésion, et la quantité de travail fourni en amont par tout ce groupe d’étudiants qui a facilité la production de cette création.

Les courts-métrages sont un moyen d’expression qui permet de sortir de l’ordinaire, de «raconter des histoires que l’on n’a pas toujours vu». C’est exactement ce que Florian François cherche à réaliser.

Paris, Ontario est accessible depuis le 23 février dernier, directement sur le site de CBC Gem.

La voix d’une bande-annonce

Par ailleurs, Florian François a récemment pu réaliser un «rêve de cinéphile» en prêtant sa voix à une bande-annonce de film, celle de la version française du film américain Champions.

On pourra également le retrouver prochainement au doublage d’une série d’animation pour TFO, mais aussi dans un épisode de la série Le Bonheur sur TVA.