Croquis urbains tout en prose pour Glen Charles Landry

Le francorien, 
francophone du néant

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Publié 08/12/2009 par Guillaume Garcia

Un éditeur qui veut faire du théâtre avec un recueil de poèmes, un auteur qui dit banco, voilà la genèse de la pièce Croquis urbains de Glen Charles Landry. Des textes bien pensés, à deux doigts parfois de l’overdose de métaphores mais qui nous emmènent dans la quête d’un francorien, francophone du néant, habitué des bars miteux et aux pensées commanditées par une brasserie. Bienvenue dans l’univers pas tout rose d’un acadien perdu au coeur des villes.

La pièce s’ouvre par une scène de noir total où l’unique comédien, Manuel Verreydt, avance lentement, s’allonge et se met à parler devant une caméra gisant à même le sol. Au bout d’un moment il se lève et installe une ampoule dans la structure du décor.

On découvre alors qu’ un appartement matérialisé par des poutres en bois, où le désordre règne.

Un ordinateur par-ci, un escabeau par là, une caméra par-là, le comédien marche tel un zombie dans ce qu’il reste de sa vie en débitant un texte sur l’alcool.

Le personnage aliéné par ses démons nous livre sa vision de sa vie, au travers d’un périple dans le tramway de la ligne 504.

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Le fil rouge symbolique du spectacle se manifeste par l’allumage progressif du décor comme un lent retour à la vie réelle du personnage qui se cherche.

On assiste à des scènes de vie, comme-ci on était dans la tête du personnage. Il pense tout haut, racontant différents épisodes de sa vie. La prestation de Manuel Verreydt est remarquable.

Seul en piste, il tient le spectateur en haleine dans un espace restreint et sans aucune interaction avec le public.

Nous sommes en plein coeur de son subconscient. Nous pouvons toucher sa mémoire, elle nous dévoiles des instants noirs de son cheminement, dans les grandes métropoles anonymes.

L’absence est sa compagne et le silence son interlocuteur. La pièce s’éclaire peu à peu, tout à coup arrive une scène de chiaque qui sort le personnage de son coma.

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La vitesse du texte, les bruits de balles fusantes, les explosions et le retour à sa langue simulent un électrochoc qui doucement le ramène parmi nous.

Le spectateur reste plein de questionnements, la pièce va t-elle finir totalement éclairée? Le personnage va t-il retrouver son chemin? Les méandres du textes nous donnent plusieurs indices, on s’impatiente de connaître la fin.

La prestation impeccable du comédien est pour beaucoup dans la réussite de cette adaptation de poèmes.
S’il perd le public, il ne pourra que difficilement le ramener à ses côtés. Mais Manuel Verreydt relève le défi et on l’accompagne jusqu’au bout de la pièce.

Un pièce définitivement originale, par sa forme et par son histoire, mais qui traite d’un sujet où tout le monde peut se reconnaître un peu.

Les déprimes, la recherche de sa voie, la perte de son identité, qui je suis. Je suis là, mais suis-je encore moi?
Un brin de réponse nous est apporté par les Croquis urbains de Glen Charles Landry.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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