Courir, de la haine à l’amour

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Réflexions d'un chroniqueur qui détestait la course à pied et qui vient de courir son premier marathon.
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Publié 03/10/2023 par Timothée Loubière

Cette année, j’ai couru mon premier marathon à Québec. Ma toute première course. Pour certains, courir 42,2 km paraît impossible. Pour d’autres, ce n’est qu’une simple formalité. De mon point de vue, plus je cours, plus je penche vers la deuxième option. Mais il y a encore trois ans, j’aurais plutôt été dans le camp des résignés.

J’ai longtemps perçu la course à pied comme le sport le plus ingrat qui soit. Je ne voyais pas l’intérêt de courir sans but. Je pensais qu’il me fallait un ballon, une raquette ou un vélo pour m’amuser.

La pandémie

Et puis le confinement covid est arrivé. La seule pratique sportive extérieure autorisée en France, où j’habitais à l’époque, était la course à pied. Alors, comme beaucoup de monde, j’ai pris mes baskets pour vagabonder dans les rues désertes.

Au début, je courais lentement, ce qui ne m’empêchait pas de souffrir. Courir 30 minutes sans m’arrêter était un calvaire; plusieurs muscles jusqu’alors délaissés me rappelaient douloureusement qu’ils existaient.

Et puis j’y ai pris goût. J’ai aimé courir par -20 °C cet hiver. J’ai aimé faire des répétitions intenses, à devoir finir par marcher en fin de séance.

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Balades avec balado

Plus que tout, j’ai aimé mes longues séances du samedi matin, où j’ai couru parfois plus de deux heures trente, un balado dans les oreilles. À tel point que, lors des belles journées d’été, j’avais envie de courir deux fois par jour (sans forcément le faire, il faut savoir ménager sa monture).

Pendant mes longues heures à fouler le goudron, j’ai eu le temps de me poser cette question: comment suis-je passé d’une phase de détestation d’un sport – qui est d’ailleurs parfois vu comme une punition dans les cours d’éducation physique à l’école – à une phase d’amour fou en si peu de temps?

Il y a des raisons personnelles évidemment (goût de la performance, pratique extérieure), mais pas seulement. Je me suis beaucoup informé sur les secrets de cette discipline.

Anthropologie

Un bon point de départ est sans doute l’approche anthropologique du livre Born to Run de Christopher McDougall qui rappelle, avec l’exemple du peuple mexicain des Tarahumara, que l’Homme est fait pour courir.

Nous sommes des bipèdes, plus lents que beaucoup d’autres animaux, mais beaucoup plus endurants. Pour capturer nos proies, on se devait de les épuiser en les chassant longtemps.

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Dans nos sociétés modernes, où la nourriture nous est livrée sur le pas de la porte, cette endurance remarquable tend à être profondément enfouie. Mais l’évolution est lente et nos capacités biomécaniques sont toujours bien présentes, et la pratique régulière permet de la faire ressurgir.

Endorphines

D’un point de vue biologique, une donnée explique beaucoup de choses dans l’amour de la course à pied: la sensation de bien-être à la fin de sa sortie.

L’explication est simple. Quand on court, le système nerveux central libère des endorphines, les hormones du plaisir. C’est pour cette raison que le coureur a envie de retourner courir, pour sa propre satisfaction.

Un sentiment de satisfaction qui est renforcé par notre progression. Avec un entraînement un minimum régulier et bien équilibré, quand on est débutant, on progresse vite. On court plus rapidement, plus longtemps, en se fatiguant moins.

Aujourd’hui, on peut partager nos exploits sur le réseau social Strava, où nos amis nous encouragent en envoyant des «kudos» et où l’on peut se comparer aux autres – ce qui s’accompagne nécessairement d’inconvénients.

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Espérance de vie

Et que dire des bienfaits sur notre santé, pas toujours visibles au premier abord, mais bien réels? La liste est longue : renforcement du cœur, perte de poids, prévention des risques de diabète, de cholestérol ou encore d’hypertension…

C’est bien simple, une étude montre que courir, même de façon modérée, augmente de façon conséquente notre espérance de vie.

De plus, contrairement à la croyance très répandue qui veut que courir s’avère néfaste pour les genoux, la pratique de la course serait plutôt bénéfique en cas d’arthrose du genou, comme l’explique Blaise Dubois, physiothérapeute et fondateur de la Clinique du coureur.

Mieux manger et dormir

Il y a aussi des répercussions bénéfiques indirectes. Quand on se fixe un objectif ambitieux, que l’on passe de nombreuses heures hebdomadaires à s’entraîner, on ne veut pas voir tous ses efforts gâchés par une hygiène de vie douteuse.

Ainsi, en me préparant pour le marathon, j’ai appris à mieux manger et à dormir davantage, deux piliers indispensables pour progresser. Car pour que le corps se renforce, s’entraîner c’est bien, mais bien récupérer l’est tout autant.

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C’est simple, depuis que je me suis mis sérieusement à courir, je me sens beaucoup mieux, et ce, je tiens à le préciser, sans avoir la sensation de me priver de quoi que ce soit.

Reste le cas des personnes qui, pour une raison X ou Y, souvent liée à une pathologie, ne peuvent pas courir. Et bien la bonne nouvelle c’est que tous les bénéfices énoncés plus haut ne sont pas exclusifs à la course à pied.

D’autres sports d’endurance, comme le vélo ou la natation par exemple, sont excellents pour la santé. Qu’attendez-vous pour vous y mettre?

Auteurs

  • Timothée Loubière

    Timothée Loubière est journaliste pupitreur au quotidien Le Devoir. Avant de poser ses valises au Québec en 2022, il était journaliste sportif en France, notamment au journal L’Équipe.

  • Francopresse

    Le média d’information numérique au service de la francophonie canadienne, qui travaille de concert avec les journaux membres de Réseau.Presse.

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