Courir contre la dépression

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Publié 16/10/2007 par Isabelle Burgun (Agence Science-Presse)

Courir pour fuir la dépression, voilà une nouvelle stimulation pour se lever le matin et se livrer à son jogging matinal. En effet, un exercice intense et régulier pourrait être aussi efficace que la prise d’antidépresseurs. «Cet effet bénéfique serait attribuable à des modulations neurophysiologiques engendrées par l’entraînement», soutient même la kinésiologue Francine Therrien.

La doctorante de la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke a entamé en 2003 un projet de recherche sur le traitement de la dépression majeure par un programme d’activité physique adéquat. Après une recension d’études et de méta-analyse sur le sujet, l’étudiante amorce le volet clinique de sa recherche.

Ce qu’elle a lu jusqu’à présent confirme ses soupçons. Ainsi, James A. Blumenthal concluait déjà en 2001 que «le bénéfice de l’exercice physique peut être très important chez les personnes âgées, qui sont moins tolérantes aux antidépresseurs et possèdent un système vasculaire en moins bon état».

Une activité sportive intense et susceptible de brûler 250 calories, pratiquée trois fois par semaine, aurait des effets neurologiques appréciables et contribuerait à lutter contre la dépression. «Cela n’aurait pas juste des effets sur la croissance des muscles, mais aussi sur celle des neurones», précise Francine Therrien.

L’exercice agirait sur les sécrétions de sérotonine, mais aussi sur la noradrénaline, un neurotransmetteur important jouant un rôle dans les troubles de l’humeur, et sur la dopamine – le modulateur de l’humeur. Ce qui serait comparable à l’efficacité de la nouvelle génération d’antidépresseurs, les Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, les ISRS (Prozac, Celexa, Luvox, etc.).

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Depuis un an, Francine Therrien se livre au recrutement de participants, souffrant de dépression majeure, mais sans prescription médicale. Ils seront soumis à un programme de jogging ou de marche durant huit semaines et suivis psychologiquement afin de relever des modifications dans leurs symptômes (énergie, motivation, qualité du sommeil, etc.)

Le second volet de ce programme de recherche a pourtant bien du mal à démarrer par manque de participants. Seuls cinq volontaires se sont manifestés et la doctorante qui espérait recruter 40 personnes, en vise aujourd’hui une quinzaine.

«Il y a diverses raisons, mais la principale s’avère être une question d’assurances. Peu de personnes actives sortent du cabinet du médecin sans ordonnance sinon elles ne sont pas remboursées», relève la jeune directrice d’Optimum SST, une entreprise vouée à la santé et à la sécurité en milieu de travail.

Au Canada, près de 1 120 000 personnes ont souffert de dépression majeure en 2002 dont 300 000 au Québec, selon Statistiques Canada. Et près de la moitié – soit environ 500 000 répondants – étaient des personnes actives selon l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) de 2002: Santé mentale et bien-être.

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