Corinne Chevarier : une famille marquée par la guerre

Rencontrée au Salon du livre de Toronto

Corinne Chevarier au Salon du livre de Toronto.
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Publié 18/12/2019 par Emma Couffin

Poète, comédienne, mais aussi triathlonienne (!), Corinne Chevarier est une auteure québécoise sensible, dévouée et multiple. «Je suis partout», déclare-t-elle à L’Express avec un sourire au récent Salon du livre de Toronto.

Son dernier et quatrième recueil de poèmes, L’ADN des fusils, est publié aux Éditions Herbes rouges. Ce récit-hommage revient sur le passé de son grand-père fait prisonnier dans le camp Rawa-Ruska pendant la Seconde Guerre mondiale.

Legs familial poussant à l’écriture

Fille de parents français immigrés à Montréal, eux-mêmes issus de parents nés au début de la Guerre, Corinne Chevarier a toujours eu ce «legs familial» la poussant à l’écriture.

Si les deux premiers recueils ont permis à l’auteure de «cerner [son] intimité» afin d’approfondir son récit sur la filiation, l’œuvre dans son ensemble est un récit personnel sur la transmission de souvenirs au sein des générations.

L’anatomie de l’objet, son troisième recueil, traitait de la filiation du côté maternel tandis que L’ADN des fusils passe du côté paternel.

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Corinne Chevarier

Oppression méritée?

Dans son étude sur ses origines maternelles, la guerre est inhérente au cercle familial. L’extérieur représente une échappatoire «permettant de vivre plus légèrement».

À l’inverse, dans L’ADN des fusils, la guerre est venue déranger l’espace familial qui s’était clos sur lui-même pour en échapper.

«Que ça vienne de l’intérieur ou de l’extérieur, cet enfermement a le même impact sur l’identité: il vient déranger des choses fondamentales et nous fait croire qu’on a mérité cet emprisonnement, cette oppression… Alors, on se met à chercher ce qui subsiste d’avant: certains vont en mourir, d’autres s’accrochent à ce qu’ils étaient.»

Jean Mohsen Fahmy et Corinne Chevarier au Café des littéraires du Salon du livre de Toronto.

Transformé par la guerre

«Je me suis demandé ce qui m’avait été légué par ces différentes générations de parents avec qui j’ai vécu toute ma vie.»

Dans son dernier recueil, Corinne Chevarier revient sur la solitude de son grand-père, l’atrocité des camps durant la Seconde Guerre mondiale, et son combat pour en ressortir vivant.

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«Le désir de revoir ma grand-mère lui permettait de rester en vie. Mais, quand il est revenu, il était transformé par la guerre. Ma grand-mère ne le reconnaissait plus.»

C’est cette guerre et la peur que son grand-père avait ressentie que Corinne Chevarier retranscrit dans son dernier recueil.

«Les enfants et petits-enfants ont ressenti cela. Cette atmosphère s’est immobilisée. Quand on naît et grandit dans ce cercle familial clos, il y a quelque chose qui reste, d’autant plus que mon grand-père était le chef de famille, le centre du noyau familial.»

L’ADN des fusils par Corinne Chevarier, aux éditions Herbes rouges

Le meilleur et le pire en nous

L’auteure a pris 5 ans pour écrire L’ADN des fusils. À l’aide de témoignages de son grand-père et de nombreuses archives historiques sur la création des camps de la Seconde Guerre mondiale, Corinne Chevarier nous livre le récit d’un traumatisme, sombre et authentique.

«J’avais envie de comprendre comment un Allemand pouvait accepter de faire ce métier de soldat. Il répondait simplement aux ordres?»

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Ce qu’elle retiendra de cette étude de l’atrocité nazie est un message universel. «Toutes ces recherches m’ont montré qu’on n’est jamais loin du terrible. C’est la solution facile de dire que les soldats allemands étaient des méchants, mais en réalité on porte tous cette responsabilité. On porte tous le meilleur et le pire en nous. Les chemins que nous prenons sont déterminés par notre éducation.»

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