On croit connaître ceux qu’on aime, puis on s’aperçoit du contraire. C’est alors une douleur, une dure découverte non pas au sujet de l’être cher mais au sujet de soi-même. Voilà le propos que Andrew Sean Greer a choisi de développer dans son troisième roman intitulé L’Histoire d’un mariage. Propos complexe abordé avec beaucoup de nuances et de demi teintes.
Pour plonger dans le vif du sujet, le romancier crée un trio de personnages profonds et les met habilement en scène dans un suspense assez bien maîtrisé. Les trois personnages sont Holland, son épouse Pearlie et l’amant Charles. L’histoire est racontée par Pearlie qui a une immense propension à l’auto-analyse.
Holland est un jeune homme noir d’une grande beauté, à la personnalité mystérieuse. Pearlie, également noire, tombe amoureuse de lui au premier regard. Séparés par la guerre, ils se retrouvent en 1949 à San Francisco et se marient. Pearlie pense vivre un bonheur tranquille. Quatre ans plus tard, la belle histoire vole en éclats lorsqu’elle reçoit la visite d’un certain Charles, homme d’affaires blanc qui lui propose un étrange marché.
Holland et Charles se sont rencontrés durant la guerre de Corée. On sait peu de choses au sujet de leur vécu durant ces années au front, sinon qu’ils en sont sortis… amants. C’est du moins ce que Charles est venu révéler à Pearlie. Décidé de reprendre son homme, il promet d’assurer une vie confortable à l’épouse et à son enfant. Intrigue pour le moins inhabituelle!
La narratrice Pearlie soupèse le pour et contre de chaque sentiment qu’elle éprouve. Ses analyses sont détaillées et elle décortique tous les petits détails de sa vie amoureuse avec soin. Son récit est constamment étayé de remarques introspectives. Elle nous rappelle ceci: «Mais vous connaissez le cœur humain; chaque nuit, il lui pousse une épine.»