L’an passé je vous ai fait connaître le romancier Michel David, auteur d’Un bonheur si facile. Le premier tome de cette saga figurait parmi mes coups de cœur de 2010. Aujourd’hui, je vous ramène dans le village de Saint-Paul-les-Prés pour la conclusion d’une superbe épopée amoureuse. Le tome 4 s’intitule justement Les amours. Michel David l’a terminé en juillet 2010 et il est décédé le mois suivant.
Nous sommes au printemps 1921. Les histoires des habitants de Saint-Paul-les-Prés s’entrecroisent toujours autour du magasin général et de l’église, la paroisse a accueilli un nouveau curé beaucoup plus charismatique que son prédécesseur et le patriarche Gonzague Boisvert demeure aussi avare et bougonneux qu’avant.
L’héroïne de la tétralogie, Corinne Boisvert, est maintenant veuve, seule à élever cinq enfants. Son aîné Philippe semble bien parti pour suivre les mauvaises traces de son défunt père. Sa fille Madeleine est devenue institutrice et a le béguin pour l’homme engagé qui vient de prendre possession d’un précieux héritage.
Les années 1921 et 1922 seront marquées par les amours de Madeleine, de Philippe et même de Corinne Boisvert. Les voisins célibataires n’hésitent pas à se rapprocher de la jeune veuve de 38 ans. Michel David écrit que Corinne «aimait la virilité de Ian, mais appréciait autant la gentillesse de Jocelyn que la tendresse de Rosaire». Comment choisir? Le romancier sait maintenir le suspense en multipliant les péripéties de flirtage.
Michel David sait surtout transposer son intrigue romanesque sur un léger fond historique qui nous permet de mieux saisir le contexte politique de l’époque. Il écrit, par exemple, que «depuis que les États ont voté la prohibition l’année passée, c’est devenu un péché mortel de boire un petit verre», sauf si la boisson a été «vendue par la régie des liqueurs de la province à partir du 1er mai» 1921. Quelques lignes plus loin, il est question de l’affaire de la petite Aurore Gagnon, mieux connue sous le nom d’«Aurore, l’enfant martyre».