Clonage : après un singe, un humain?

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L’annonce qu’un singe rhésus cloné était à présent âgé de plus de trois ans a relancé les spéculations sur l’éventuel clonage humain. Photo: Zhaodi Liao et al., Nature Communications
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Publié 30/01/2024 par Agence Science-Presse

L’annonce qu’un singe rhésus cloné était à présent âgé de plus de trois ans, et apparemment en bonne santé, a immédiatement relancé les spéculations sur l’éventuel clonage humain. Mais c’est oublier que le niveau de difficulté serait beaucoup plus élevé. Et que déjà, il demeure très élevé pour les primates en général.

Le singe en question est né le 16 juillet 2020 en Chine, mais c’est seulement dans une recherche parue le 16 janvier dans la revue Nature Communications que son existence a été révélée.

Les chercheurs attachés à quatre institutions en biologie moléculaire et en neurosciences y décrivent leur méthode, impliquant un clonage à partir de cellules fœtales plutôt qu’adultes.

Brebis et chiens

Le clonage se définit par la naissance d’un animal qui, génétiquement, serait le jumeau d’un autre. Le premier clonage d’un mammifère fut la brebis Dolly, en 1996.

Depuis, en dépit d’avancées dans le clonage de plantes, les résultats de celui des mammifères a été mitigé.

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D’un côté, plus de 1500 chiens ont été clonés par une équipe sud-coréenne.

De l’autre, chez un grand nombre d’animaux, les tentatives ont échoué à de multiples reprises.

Et même chez les chiens, selon une compilation publiée en 2022, le taux de succès — mesuré par le nombre d’embryons clonés qui aboutissent à la naissance d’un animal viable — était d’environ 4%.

Anomalies dans le clonage

Au cœur du problème, on trouve ce que les généticiens appellent des marqueurs épigénétiques.

Normalement, à mesure qu’un embryon se développe et que ses cellules se spécialisent, de tels marqueurs s’ajoutent à son ADN, qui déterminent quels gènes seront actifs ou non.

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Dans les cellules spécialisées des embryons clonés, on retrouve souvent des marqueurs épigénétiques aux mauvais endroits. Ce problème s’est avéré particulièrement difficile avec les primates, d’où le fait que la percée chinoise suscite l’intérêt récent.

La copie d’un embryon

Mais même la définition d’une percée fait débat. Puisqu’il a été cloné à partir de cellules fœtales, on n’est donc pas devant un animal qui serait la «copie» d’un autre animal adulte — plutôt la copie d’un embryon.

La naissance en 2017 de deux macaques à longue queue (toujours en vie aujourd’hui) avait suscité le même questionnement. Il s’agissait du clonage de cellules fœtales, et non adultes.

Et encore avait-il fallu, pour obtenir ces deux naissances, créer 109 embryons clonés et les implanter dans 21 mères porteuses. Seulement six avaient commencé une grossesse.

Clonage humain?

Des difficultés qui ne sont rien à côté des implications éthiques et légales qui viendraient avec la simple suggestion de tenter d’effectuer un clonage humain.

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Dès l’époque de Dolly, de nombreux gouvernements avaient immédiatement pris position pour interdire toute tentative en ce sens chez eux. Est-il éthique, s’était-on alors demandé, d’imposer à un futur enfant une existence à titre de «copie» d’un autre?

Et que dire du taux élevé d’échecs qu’il faudrait imposer aux mères. Pour obtenir ce singe rhésus, il aura fallu 113 embryons, dont 11 qui furent implantés, produisant deux grossesses, pour finalement une seule naissance.

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