Le polar étant un genre quasi absent de la littérature franco-ontarienne, Claude Forand pourrait bien faire sa marque avec son tout dernier roman intitulé Ainsi parle le Saigneur. Le polar de cet écrivain de Markham vous garde en haleine de la première à la dernière page, sans compter que l’écriture est tantôt saccadée, tantôt colorée, toujours soignée.
Traducteur agréé à son compte, Claude Forand a été journaliste à la pige pendant une vingtaine d’années pour différents magazines scientifiques et financiers, ainsi qu’à la radio de Radio-Canada.
Son premier polar, Le cri du chat, est paru en 1999 et mettait en scène le sergent Roméo Dubuc, qu’on retrouve dans Ainsi parle le Saigneur. Dès le premier chapitre, Dubuc est à l’hôpital où son cardiologue invoque le spectre de la crise cardiaque, du diabète précoce et de l’angine de poitrine. Il lui prescrit un régime minceur fait sur mesure, faible en cholestérol, sans sel, sans gras et sans sucre. C’est à ce moment que le sergent Dubuc apprend qu’un double meurtre a été commis à Chesterville, P.Q. Au diable le régime minceur!
Toute l’action de ce polar se déroule dans les Cantons-de-l’Est, mais je dois avouer que cette mise en scène géographique importe peu. L’auteur aurait pu aussi bien camper ses personnages à Markham ou à Penetang et créer la même tension nerveuse, tant du côté des policiers que du côté du criminel.
Ce qui importe, ici, c’est la signature du crime. Le double meurtre a vu périr deux ados surpris à faire l’amour. Ils sont trouvés asphyxiés dans leur voiture ou «jetés dans la géhenne de feu». Cette mise en scène est inspirée de la Bible et la police reçoit un message signé «Ainsi parle le Saigneur».