Un proverbe tchèque dit qu’on a autant de vies qu’on parle de langues. La plus belle illustration de cet adage est l’écrivaine londonienne Elena Lappin qui a récemment publié Dans quelle langue est-ce que je rêve? Il s’agit d’une autobiographie qui aurait pu s’intituler «Cinq langues en quête d’une auteure».
Dès le premier chapitre, on a l’impression de lire un roman.
En servant le souper à son mari et ses trois enfants, à Londres, Elena reçoit un étrange coup de téléphone en provenance de Moscou: un homme qui prétend être son oncle lui révèle que son père «officiel» n’est pas son père biologique.
Nous sommes en 2002 et, durant les trente chapitres suivants, Elena nous raconte sa vie, de la Russie à la Tchécoslovaquie, de l’Allemagne à Israël, jusqu’au Canada et aux États-Unis. Ce n’est qu’à la page 310 qu’elle trouve son père biologique à New York.
L’auteure écrit que «l’amour renforce le tissu de la mémoire». Et parce qu’Elena Lappin a été aimée à chaque changement de maison, de ville, de pays, de continent, elle a pu glaner des souvenirs de sa naissance à Moscou, de son enfance à Prague, de son adolescence à Hambourg, de ses études à Tel-Aviv et à Ottawa, de son mariage en Israël avec un Juif torontois et de son établissement à Londres.