Cinéfranco: L’Affaire Dumont

Détacher la fiction de la réalité

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Publié 16/04/2013 par Camille André-Poyaud

Le film L’Affaire Dumont était projeté la semaine dernière dans le cadre du Festival Cinéfranco. Marc-André Grondin connu du public pour son rôle dans C.R.A.Z.Y., incarne à l’écran Michel Dumont. Il était présent pour la projection, l’occasion pour L’Express de s’entretenir avec lui et de revenir sur son rôle.

L’Affaire Dumont revient sur un fait divers qui a touché le Québec dans les années 90. Michel Dumont est divorcé, père de deux jeunes enfants, et livreur dans un dépanneur.

Du jour au lendemain, il apprend qu’il est accusé d’avoir violé une femme qu’il n’a jamais vue de sa vie. Ses amis qui étaient présents avec lui le soir du crime, témoignent pour sa défense.

Malgré cela il se retrouve condamné à purger injustement plusieurs années en prison. Sa femme Solange va se démener pour faire régner la justice et lui rendre sa liberté.

Histoire vraie

Tiré de l’histoire vraie, ce film réalisé par Podz suit exactement les faits. Il y a un véritable travail de reconstitution.

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Les scènes d’audition au tribunal reprennent mots pour mots les dialogues retrouvés dans les archives.

Le scénario a été construit autour des documents qu’a conservés la femme de Michel Dumont.

Marc-André Grondin nous explique: «Il n’y avait aucune virgule que l’on pouvait changer, aucune erreur de français que l’on pouvait corriger. Des fois il y avait des mots ou des formulations de phrases qui n’avaient aucun sens, mais il fallait le faire comme ça.»

Ressemblance physique

Si les faits sont relatés exactement comme dans la réalité, la ressemblance physique est également frappante.

Marc-André Grondin livre une interprétation de son personnage très réaliste. Avec une coupe mulet et une attitude accablée, on oublie totalement l’acteur au profit du personnage.

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Des heures de maquillage et plusieurs perruques et tenues différentes ont été nécessaires pour retranscrire la vie de Michel Dumont. Certains habits d’origines du détenu ont été réutilisés et les multiples photos conservées ont permis de livrer un film au plus près des faits.

Marc-André Grondin nous confie: «Des fois j’avais peur que ce soit too much, et finalement quand on se retrouvait tous ensemble je me disais que ça ressemblait bien aux photos de quand j’étais jeune avec ma mère, ses épaulettes et ses cheveux frisés!»

«Servir le scénario»

Incarner un personnage réel à l’écran peut être à double tranchant. D’un côté, on peut s’appuyer sur lui et l’interprétation peut être ainsi plus aisée, mais d’un autre côté, il y a aussi l’appréhension de livrer quelque chose de crédible qui plaira à la personne en question.

Dans le cas de L’Affaire Dumont, il est remarquable de voir à quel point Marc-André Grondin s’est détaché du véritable M. Dumont. Il ne l’a rencontré qu’une seule fois, et a évité tout contact avec lui.

«J’étais très distant. Je me suis toujours dit que je voulais servir le scénario plutôt que leurs souvenirs personnels. Je voulais plus satisfaire Podz qu’espérer que Michel Dumont se reconnaisse.»

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Il ajoute: «Je garde toujours une certaine distance, au final on ne fait pas un documentaire, on ne raconte pas leur vie. On fait un film sur leur histoire, pas sur eux.»

Marc-André voulait aussi éviter de se laisser influencer par le Michel Dumont d’aujourd’hui, qui a bien évolué depuis les faits en 1990. Ce n’est pour lui qu’un rôle.

Il a eu certes plaisir à le jouer, mais il veut faire la différence entre la fiction et la réalité, et ne veut pas être assimilé à lui. Il est primordial pour lui de faire la différence entre le scénario et l’histoire.

Un ton grave

Ce détachement était également nécessaire au niveau de l’ambiance.

Le ton du film est grave, on se plonge dans l’histoire d’une famille dans un milieu défavorisé des années 1990, on côtoie les univers durs de la justice et de la prison. Marc-André Grondin a réussi à se protéger face à cette ambiance un peu glauque.

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«Je me détache beaucoup, je suis du genre à faire des blagues jusqu’à «action». Je garde une certaine distance sinon je serai déprimé d’aller travailler.»

Au final, L’Affaire Dumont relate avec justesse l’injustice dont a été victime le «vrai» Michel Dumont. Une justesse permise grâce à Marc-André Grondin qui livre une très bonne performance scénique.

Si vous avez manqué la projection du film à Cinéfranco, le DVD de L’Affaire Dumont est disponible depuis le 15 janvier dernier.

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