Christoph Gluck, le réformateur de l’opéra

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 02/07/2014 par Gabriel Racle

Christoph Gluck. Le nom de ce compositeur allemand ne nous est peut-être pas très familier, mais c’est pourtant celui d’un grand musicien et, une fois encore, cette année 2014 nous donne l’occasion de le mettre en scène avec le 300e anniversaire de sa naissance le 2 juillet.

Une fugue

Si une fugue est bien une forme de composition musicale dans laquelle un thème principal ou plusieurs thèmes secondaires semblent fuir sans cesse de voix en voix, ce peut être aussi une sortie d’un milieu familial jugé trop contraignant pour trouver sa voie. Et c’est ce qui est arrivé à Christoph Gluck.

Il est né le 2 juillet 1714 à Erasbach, une petite ville de Bavière, dans une famille aisée. Son père, devenu maître des eaux et forêts de divers duchés de Bohème y déménage trois ans après la naissance de son fils.

Celui-ci étudie déjà la musique, apprend à jouer du violon, et se sent l’âme d’un musicien. Mais son père veut plutôt qu’il suive sa voie qui lui assurera une situation confortable. Alors, vers 1730, le jeune Gluck fuit la maison et s’en va sur les routes en chantant et en jouant de la guimbarde pour gagner sa vie.

Voyages…

Désormais, Gluck se déplace beaucoup. En 1731, il est à Prague, une des trois capitales de l’empire des Habsbourg (avec Vienne et Budapest), où il étudie la philosophie et la musique. En 1735, il est à Vienne, aidé peut-être par son père avec lequel il s’est réconcilié. Il veut devenir musicien.

Publicité

L’empereur Charles VI qui règne alors (1711-1740) s’intéresse beaucoup à l’opera seria, un opéra italien «sérieux», qui s’oppose à l’opéra comique, l’opera buffa, qui dérive de la commedia dell’arte. Gluck décide alors de partir se perfectionner dans l’opéra en Italie. Le prince Melzi, qui l’a remarqué à Vienne et l’accompagne, l’attache à sa chapelle privée.

Il lui fait rencontrer le compositeur Giovanni Battista Sammartini, l’un des créateurs de la symphonie classique, avec lequel Gluck acquiert de solides bases musicales. Mais contrairement à ce maître qui s’adonne essentiellement à la musique instrumentale, ce qui est rare à cette époque pour un compositeur italien, Gluck est attiré par l’art dramatique.

… et passion

Le 26 décembre 1741, il fait représenter à Milan son premier opéra, Artaserse (Artaxerxès), un thème classique de l’opéra italien, qui se déroule en Perse.

Ainsi lancé, Gluck s’adonne à sa passion. Entre 1742 et 1745, il compose et fait jouer dans différentes villes italiennes pas moins de sept nouveaux opéras, de Demetrio (Démétrios), à Venise, à Ippolito (Hyppolite), à Milan.

Mais ces œuvres, dont on ne connaît que des fragments, sont parfaitement conformes aux canons de l’opera seria et utilisent les livrets (souvent de Metastasio, poète et librettiste italien) à la mode, utilisés et réutilisés plusieurs fois par différents compositeurs, selon l’usage de l’époque.

Publicité

Errance

Gluck reprend la vie errante de sa jeunesse, mais au niveau des opéras. Il est à Londres de 1745 à 1746, où il donne La Caduta de’ Giganti (La Chute des Géants) sous-titré La Rebellione punita, qui fait allusion à la «prochaine défaite des Écossais»

Puis il fait une tournée dans une troupe ambulante d’opéra italien en Allemagne, pendant trois ans. Son style évolue. En 1747, il crée Le nozze d’Ercole e d’Ebe (Le Mariage d’Hercule et d’Hébé) en l’honneur d’un mariage princier et s’écarte des règles strictes de l’opéra italien.

Le réformateur

Gluck s’installe définitivement à Vienne en 1750. Il a l’occasion de s’initier au vaudeville français, en vogue à Vienne, et de produire ses propres compositions du genre opéra-comique ou sérénade.

Cette expérience va permettre à Gluck, qui y songe depuis des années déjà, à élaborer une nouvelle conception de l’opéra. Le poète italien Calzabigiva l’encourage, préconisant une plus grande fluidité entre air et récitatif, l’introduction de grandes pages chorales, l’emploi de la pantomime dansée et une action simple qui traduit des sentiments vrais et des émotions profondes.

En 1773, Gluck est à Paris. Iphigénie en Aulide est représentée le 19 avril 1774 avec un immense succès, malgré intrigues et critiques. Le 2 août, on joue Orphée et Eurydice, adaptation française d’Orfeo, remanié par Gluck, qui sera repris quarante-sept fois jusqu’au 20 novembre.

Publicité

Dernières années

Suite à la controverse entre les partisans du nouvel opéra et ceux de l’opéra italien classique représenté par le compositeur Piccinni venu à Paris (querelle des gluckistes et des piccinnistes), et l’échec de Echo et Narcisse, Gluck rentre à Vienne ou il se met «en retraite» et décède le 15 novembre 1787.

Gluck a composé plus de 40 opéras, une dizaine de ballets, des chants avec piano, des arias, des chœurs, de la musique instrumentale (symphonies, sonates).

Admiré par Berlioz et Wagner, Gluck a profondément marqué le monde musical par ses créations lyriques. On le désigné comme le maître de la réforme de l’opéra.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur