Chihuly, l’artiste obsédé par la couleur

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Publié 02/07/2013 par Gabriel Racle

Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) s’était illustré au début de 2010 en présentant Le verre selon Tiffany: la couleur en fusion, une exposition consacrée à la contribution exceptionnelle apportée au design et à la technologie du verre par Louis C. Tiffany.

Cette année, le MBAM tient de nouveau la vedette avec une exposition dédiée à un maître-verrier et à ses œuvres, Chihuly.

Les expositions d’objets et de sculptures en verre sont rares, ne serait-ce qu’à cause des coûts du transport et des assurances concernant ces réalisations fragiles. Compte tenu de la rareté et de la qualité de cette exposition, c’est dire qu’elle est l’exposition canadienne de l’été qu’il faut voir.

De l’été, mais aussi de l’automne, puisqu’elle est visible en exclusivité canadienne jusqu’au 20 octobre. Et sans nul doute, les couleurs éblouissantes des pièces de l’artiste s’harmoniseront avec les flamboyances de nos érables.

Verre soufflé

Chihuly est né en 1941 aux États-Unis, à Tacoma, dans l’État de Washington. Il étudie à l’université de Seattle l’architecture d’intérieur et s’intéresse à la technique du verre soufflé. Il s’inscrit en 1965 à un programme de l’université du Wisconsin, qui traite spécifiquement du verre et de ses applications.

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En 1968, une bourse d’étude lui permet de se rendre à Venise, dans une verrerie, et de perfectionner sa formation vitrière.

«Mon travail avec le verre remonte à mon enfance, alors que je recueillais des morceaux de verre sur la plage, a-t-il déclaré. Après mes études à l’université, j’ai vraiment commencé à aimer le verre et une nuit, j’ai fondu un morceau, j’ai pris un chalumeau et j’ai soufflé une bulle. C’était en 1965.»

Comme il détient aussi un diplôme en sculpture, Chihuly va conjuguer dans sa création artistique très féconde ses deux domaines de compétence pour produire des sculptures en verre de toutes les dimensions, parfois même très grandes, et de toutes formes, comme en présente l’exposition du MBAM.

«L’artiste allie dextérité et créativité en proposant des sculptures colorées aux formes originales, se jouant de la transparence du verre et de son opacité.» (AMA)

Couleurs et formes

Tout, dans cette exposition, ne peut que frapper le visiteur, ne serait-ce que par l’adéquation réalisée entre la disposition des pièces présentées et l’architecture des lieux où elles le sont.

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Mais deux aspects des œuvres de Dale Chihuly vont sans aucun doute retenir immédiatement l’attention: la multiplicité et la complexité des formes des œuvres exposées, et la flamboyance et la variété des couleurs dont les effets rejaillissent de toutes parts.

La couleur est l’obsession de Dale Chihuly. Il ne s’en cache pas: «Je suis obsédé par la couleur. Je n’en ai jamais vu une seule que je n’aimais pas.»

Rien d’étonnant donc au foisonnement de celles-ci dans ses productions. On admirera les jeux de couleurs auxquels il s’adonne, les juxtapositions, les oppositions facteurs de contrastes. Il a fait faire 300 teintes de verre avec lesquelles il peut travailler, lui et ses assistants, dans son atelier.

Quant aux diverses formes présentées, elles font que cette exposition est exceptionnelle. Ici, au Canda, on n’a jamais vu non seulement tant de sculptures en verre soufflé, mais aussi de telles sculptures, à commencer par le Soleil qui accueille le visiteur dès l’escalier extérieur du pavillon d’entrée: une roue de plus de quatre mètres de diamètre émettant des rayons composés de vrilles de couleurs primaires – deux teintes de jaune –, avec plusieurs éléments bleus ou rouges.

Séries

Comme l’explique Diane Charbonneau, conservatrice des arts décoratifs au MBAM, dans un texte du catalogue, «le travail de Chihuly s’articule autour de grandes séries réunissant des pièces isolées et des installations dont les titres évoquent des parentés purement formelles comme les Paniers, les Cylindres, les Formes marines, les Flotteurs, ou des associations plus inédites, voir exotiques: Macchia, Ikebana, Putti, Persians, Venetians, Mille Flor».

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En suivant le parcours original de l’exposition, créé par Chihuly lui-même selon huit environnements, dont quatre installations conçues pour le musée, le visiter va retrouver des éléments de ces séries. Et les notices explicatives qui jalonnent ce parcours vont le situer dans ces ensembles.

Livre d’art

Cette exposition exceptionnelle s’accompagne d’un livre d’art qui l’est tout autant: Chihuly, MBAM, grand format, 36×26 cm, 230 p., relié. Les 160 premières pages reproduisent des œuvres classées selon les séries, en pleine page et en couleur, avec des commentaires. Suivent des pages explicatives sur l’art du verre soufflé, la méthode Chihuly, son atelier, une chronologie, etc., avec d’abondantes illustrations.

C’est le souvenir que l’om emportera d’une visite à cette exposition. C’est le livre unique que l’on tiendra à se procurer si l’on n’a pu voir l’exposition de Chihuly.

«Chargées de merveilleux, ses œuvres sont le fruit d’une exploration astucieuse de la couleur, de la forme, de la lumière et de l’espace», résume Diane Charbonneau. Émerveillement garanti.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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