Chiara Mastroianni, de vive voix

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Publié 18/09/2007 par Natalia Wysocka

Chiara Mastroianni était de passage au TIFF afin de présenter à la fois Les Chansons d’amour de Christophe Honoré et Persépolis de Marjane Satrapi. Discussion autour de ce dernier film, où l’actrice donne de la voix à un personnage animé tout en caractère et en mordant.

Avant de la rencontrer, on se dit qu’on va lui poser ne serait-ce qu’une petite question concernant son adulée mère (Deneuve) et son célébrissime feu père (Mastroianni). Mais sitôt qu’on l’aperçoit, on décide sec de ne tomber ni dans (ni de) l’arbre généalogique. C’est qu’elle a une prestance qui en impose, Chiara Mastroianni. Et qui force à voir bien au-delà des liens familiaux.

Elle débute l’entretien de cette voix si particulière, celle-là même qu’elle prête au personnage de Marjane, l’héroïne du film d’animation Persépolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, acclamé tant à Cannes qu’à ce dernier TIFF. Une héroïne en 2D, peut-être, mais néanmoins toute en caractère, en intelligence et en force.

Une héroïne qui, après une enfance à Téhéran marquée par l’Histoire houleuse et la guerre contre l’Irak, se retrouve en plein coeur de Vienne où elle doit faire face à un autre type de révolution: celle de l’adolescence. Une héroïne qui, finalement, est le double de son auteur (et de sa réalisatrice), Marjane Satrapi.

«J’avais déjà lu le livre avant d’entendre parler du projet d’adaptation, souligne Mastroianni. D’ordinaire, je suis assez timide et j’attends que les trucs viennent à moi. Mais cette fois-ci, je suis allée rencontrer Marjane Satrapi afin de lui dire que j’adorerais travailler sur son film. On s’est rencontrées, on a discuté et en fin de compte, j’ai fait le film! Peut-être le fait que c’était un dessin animé faisait en sorte que j’osais plus facilement manifester mon envie d’y prendre part…?»

Passé notre étonnement concernant son aveu de gêne, nous nous attardons sur les différences qui existent entre prêter corps et voix à un personnage, et n’offrir que sa parole. «En fait, la préparation n’était pas tant différente que celle nécessaire pour jouer un personnage en chair et en os parce que ce n’était pas comme si j’avais joué un écureuil chez Disney. Le personnage de Marjane existe réellement, elle a vraiment une histoire, donc c’est encore plus bizarre. Il y a même des moments où on se demande si on va être à la hauteur, parce que, comme c’est du vrai, il faut assurer, quoi!»

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Persépolis reposant énormément sur la narration caractérisée par la langue bien pendue et le regard aiguisé du personnage, le travail phonétique aura été de taille pour l’actrice: «Il y avait beaucoup de texte, donc il fallait faire en sorte que ce ne soit pas trop pénible et ennuyeux. Il y avait le passage de l’adolescence à l’âge adulte qui m’inquiétait un petit peu, car quand on entend un adulte essayant de prendre une intonation d’adolescent, c’est une catastrophe! Alors on a essayé de faire les choses avec le plus de nuances possible…»

Les nuances ont aussi dû être faites à un niveau autrement différent.

Effectivement, le point de vue teinté d’ironie de la réalisatrice n’a pas fait sourire tout le monde. Et certainement pas le ministère de la culture iranienne, qui a largement protesté contre l’attribution du prix du Jury à Cannes, qualifiant le geste «d’islamophobe». «Je n’ai pas tellement été surprise que cela arrive, confie Mastroianni. Mais Marjane a très bien désamorcé les choses et ça n’a pas eu le temps de prendre beaucoup d’ampleur.»

Mini scandale ou pas, manifestation de colère ou non, l’actrice demeure catégorique sur l’importance et la portée d’un tel film: «De nos jours, les médias déforment tout et les gens se font une image caricaturale de ce qu’ils ne connaissent pas. Du coup, ils finissent par en avoir peur. Persépolis, c’est une oeuvre importante, car elle porte un message vraiment humaniste. Ce n’est pas un film intégriste, c’est un film sur l’intégrité.»

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