Chiara Mastroianni était de passage au TIFF afin de présenter à la fois Les Chansons d’amour de Christophe Honoré et Persépolis de Marjane Satrapi. Discussion autour de ce dernier film, où l’actrice donne de la voix à un personnage animé tout en caractère et en mordant.
Avant de la rencontrer, on se dit qu’on va lui poser ne serait-ce qu’une petite question concernant son adulée mère (Deneuve) et son célébrissime feu père (Mastroianni). Mais sitôt qu’on l’aperçoit, on décide sec de ne tomber ni dans (ni de) l’arbre généalogique. C’est qu’elle a une prestance qui en impose, Chiara Mastroianni. Et qui force à voir bien au-delà des liens familiaux.
Elle débute l’entretien de cette voix si particulière, celle-là même qu’elle prête au personnage de Marjane, l’héroïne du film d’animation Persépolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, acclamé tant à Cannes qu’à ce dernier TIFF. Une héroïne en 2D, peut-être, mais néanmoins toute en caractère, en intelligence et en force.
Une héroïne qui, après une enfance à Téhéran marquée par l’Histoire houleuse et la guerre contre l’Irak, se retrouve en plein coeur de Vienne où elle doit faire face à un autre type de révolution: celle de l’adolescence. Une héroïne qui, finalement, est le double de son auteur (et de sa réalisatrice), Marjane Satrapi.
«J’avais déjà lu le livre avant d’entendre parler du projet d’adaptation, souligne Mastroianni. D’ordinaire, je suis assez timide et j’attends que les trucs viennent à moi. Mais cette fois-ci, je suis allée rencontrer Marjane Satrapi afin de lui dire que j’adorerais travailler sur son film. On s’est rencontrées, on a discuté et en fin de compte, j’ai fait le film! Peut-être le fait que c’était un dessin animé faisait en sorte que j’osais plus facilement manifester mon envie d’y prendre part…?»
Passé notre étonnement concernant son aveu de gêne, nous nous attardons sur les différences qui existent entre prêter corps et voix à un personnage, et n’offrir que sa parole. «En fait, la préparation n’était pas tant différente que celle nécessaire pour jouer un personnage en chair et en os parce que ce n’était pas comme si j’avais joué un écureuil chez Disney. Le personnage de Marjane existe réellement, elle a vraiment une histoire, donc c’est encore plus bizarre. Il y a même des moments où on se demande si on va être à la hauteur, parce que, comme c’est du vrai, il faut assurer, quoi!»