Charles Rochereau de la Sablière, consul de France et de Belgique à Toronto pendant les deux guerres mondiales

L'homme d'affaires aidait ses compatriotes à s'intégrer

Lors de l'ouverture d'une session de l'Assemblée légistative de l'Ontario le 5 février 1930: Mme et le consul Rochereau de la Sablière et leur fille Dionyse. Photo colorisée par Marc Albert Cormier: Archive de la Ville de Toronto.
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Publié 03/03/2020 par Marc Albert Cormier

Agent consulaire français à Toronto de 1908 à 1945 (pendant 37 ans!), habitant une majestueuse résidence au 301 rue Jarvis, au cœur du quartier de la grande bourgeoisie de Toronto à l’époque, Charles Rochereau de la Sablière est mort en octobre 1946 à l’âge de 85 ans. Son épouse, née Marie Nurmberger, est décédée trois ans plus tard.

Il était fréquent, à cette époque où les ambassadeurs étaient des «ministres», de maintenir des consuls («agents consulaires») en poste aussi longtemps, qui représentaient parfois plus d’un pays.

Né à Croissy (banlieue ouest de Paris) le 22 août 1863, Charles Rochereau de la Sablière étudia chez les Jésuites. Il s’installa à Toronto en 1893 et fut nommé agent consulaire belge en 1903, puis agent consulaire français en 1908.

À ce titre il assista des centaines de compatriotes français et belges pour leur trouver un emploi à leur arrivée dans la ville reine. Une chambre au sein de sa résidence, rue Jarvis, fut spécialement aménagée pour eux, le temps qu’ils cherchent un domicile.

Partenaire de Gendron

Homme d’affaires, il travaillait et avait investi dans la Gendron Manufacturing Company.

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Fondée à Toledo dans l’Ohio, par Pierre Gendron, industriel canadien-français, la manufacture Gendron s’installa à Toronto en juillet 1895 au 411 Richmond East. On y fabriquait bicyclettes, des tricycles, des landaus et des jouets pour enfants.

Charles et Marie eurent six enfants, dont Emmanuel Rochereau de la Sablière, né en 1895, étudiant de l’Université de Toronto mort au front, dans les Ardennes le 3 octobre 1918. Emmanuel avait un frère Gontran, né en 1905 et qui rallia l’armée canadienne en 1940, et quatre sœurs: Dionyse, Hélène, Alice, Solange.

Pendant la Première Guerre mondiale, il organisa avec son épouse, et le soutien d’associations canadiennes, d’immenses manifestations de soutien à la France. Dénommées French Flag Day, tenue le 14 juillet, ce furent des levées importantes au titre de Secours national.

Levées de fonds

En 1916, des milliers de petits drapeaux français furent vendus par une armée de filles qui scandaient: «aidez les réfugiés de Verdun, aidez les sans-abri et les affamés». Les sommes levées étaient de l’ordre de 25 000 $, l’équivalent de 600 000 $ aujourd’hui.

En 1917, l’opération fut un succès à Toronto (17 500 $), Hamilton (35 000 $) et Oshawa (5 000 $). En 1918, ce fut 18 700 $ qui furent récoltés dans les rues de Toronto.

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Charles Rochereau de la Sablière fut nommé par la Belgique chevalier de la Couronne en 1919. Il a été décoré de la Croix civique belge de première classe, et de la médaille du Centenaire, et fut fait Chevalier de l’ordre de Léopold. Il a été nommé chevalier de la Légion d’honneur française par décret le 5 août 1923.

Maison et histoire négligées

La maison du 301 Jarvis, La Futaie, ne connût pas une issue heureuse. En 1950, le magazine canadien Maclean’s rapportait que cette magnifique résidence était devenue un des bâtiments les plus négligés de la rue, devenu lieu d’accueil pour sans-abri.

Charles Rochereau de la Sablière et son épouse firent rayonner la France en Ontario et contribuèrent à un sentiment pro-français en temps de guerre au cœur d’une ville très largement dominée par le protestantisme orangiste.

Ils font partie de ces personnages trop vite oubliés par la communauté francophone de Toronto.

Auteur

  • Marc Albert Cormier

    Passionné d’histoire, d’architecture et de géographie, Marc Albert Cormier travaille dans le milieu de l'éducation à Toronto. Il est aussi conseiller consulaire (élu des citoyens français) auprès du Consulat général de France en Ontario et au Manitoba.

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