Charles Pachter: provocation artistique à dos d’orignal

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Publié 29/10/2013 par Alice Fabre

«J’avais quatre ans. Mes parents m’ont emmené à l’Exposition nationale canadienne. Et j’ai pu caresser un orignal.»

C’est ainsi que débute la saga de Charles Pachter. Devant une audience venue nombreuse dans les locaux de l’Alliance française mercredi dernier, le célèbre peintre canadien a discouru sur «L’art de survivre et de prospérer dans le milieu artistique canadien». Jamais à court d’anecdotes, la salle éclate d’un rire chaud à chacune de ses blagues.

Avec humour et provocation, dans un français impeccable, lui rappelant ses cours de la Sorbonne, Charles Pachter, aujourd’hui âgé de 70 ans, parle de ses inspirations, son parcours, ses rencontres, comme sa collaboration avec Margaret Atwood.

Et tout commence avec cette photo verticale en noir et blanc, sur laquelle le jeune enfant qu’il était pose sa main sur la tête du célèbre cervidé. Vingt-cinq ans plus tard, il peindra la reine Élisabeth sur un orignal, en tenue militaire.

Monarchie

Sur cette œuvre, surement la plus célèbre de par son audace pour l’époque, Charles Pachter affirme avoir voulu s’interroger. «Pour moi la reine était celle d’Angleterre, pas du Canada», lance-t-il, provocateur.

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«À l’époque il y avait cette révérence à l’égard de la monarchie qu’il n’y a plus trop aujourd’hui. Les gens étaient choqués qu’on puisse faire ça à la reine.»

Et Charles Pachter est devenu le «Andy Warhol canadien.» Sa Marilyn Monroe à lui, c’était l’orignal.

«Je me suis amusé avec tous les contextes possibles pour peindre l’orignal!». Il l’a mis sur un plongeoir, fait sauter d’une falaise, dessiné sur un fil face à la tour CN. Il a représenté de nombreuses figures royales à ses côtés.

Puis, il s’est concentré sur le drapeau canadien. Avant de peindre une série de granges rouges, repérées dans la campagne.

Toronto

Mais il y a aussi Toronto. Sa ville natale. Le lieu où il a étudié, et grandi. Charles Pachter montre une série de peintures sur le fameux tramway rouge et noir. Puis explique comment il en est venu à faire cette fresque de joueurs de hockey, toujours visible à la station de métro College. «Le jour du vernissage, ma mère s’est exclamée ‘Bon c’est le sous-sol, mais c’est permanent’.»

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L’œuvre de Charles Pachter est aussi urbaine. «J’ai un don pour transformer les taudis. Faire des choses durables avec des choses banales.» Il achète des entrepôts délabrés et en fait des galeries.

Sa «Moose Factory» est célèbre dans Chinatown. Il a possédé une dizaine de galeries sur Queen. Il a retapé une maison à Miami Beach, où il a passé de nombreuses soirées arrosées, avec ses invités. Miami a d’ailleurs fait l’objet d’une série de peintures entre 1994 et 1999.

Plus que tout, l’artiste bouscule les catégories artistiques. À l’en croire, la presse ne l’a jamais soutenu. Mal-aimé, Charles Pachter? «Disons que je fais de l’art pour toutes les couches sociales. Je sais qu’une aristocrate peut acheter un de mes tableaux tout comme un patron de bar.»

À toucher tout le monde, on finit par être moins considéré chez les élites.

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