Champlain fut d’abord un rêveur

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Publié 19/07/2011 par Paul-François Sylvestre

Lorsque David Hackett Fischer a publié Champlain’s Dream en 2008, le Toronto Star a décrit cette biographie comme «un portrait riche et vivant du soldat, de l’espion, du commandant, de l’explorateur, du cartographe et de l’artiste.» La version française de ce livre époustouflant est maintenant disponible grâce à la plume du romancier franco-ontarien Daniel Poliquin.

Le Rêve de Champlain est une biographie finement documentée. L’auteur a consulté 830 ouvrages et a étayé son texte de 1894 notes de référence. Alors que la version originale compte 848 pages, la version française en totalise 1008.

L’ouvrage est accompagné de nombreuses cartes et illustrations, dont plusieurs de la main de Champlain. Première biographie depuis des décennies, Le Rêve de Champlain est tout aussi enlevant que la vie de son modèle.

Dès les premières pages, on apprend que Champlain observait le silence, voire le secret, sur des faits aussi élémentaires que sa date de naissance, sa famille, ses études et sa religion.

David Hackett Fischer décrit les multiples facettes de Champlain: soldat de profession, navigateur chevronné, explorateur qui aime «fureter», cartographe, artiste dessinateur, auteur prolifique, naturaliste attiré par les plantes et les animaux et administrateur de talent.

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Mais Champlain fut principalement un rêveur.

«Las des guerres, il rêvait d’humanité et de paix dans un monde de cruauté et de violence. Il entrevoyait un monde nouveau où des gens de cultures différentes pourraient vivre ensemble dans l’amitié et la concorde.»

L’auteur souligne que Champlain eut le roi Henri IV comme mentor, bailleur de fonds, protecteur et ami. «Les deux rêvaient d’une nouvelle France en Amérique du Nord qui tablerait sur le meilleur du Vieux Monde qu’ils connaissaient et sur une idée généreuse de l’humanité qui embrassait des gens différents d’eux-mêmes.»

Comme Henri IV et Champlain furent témoins de la bonté dont les êtres sont capables dans les pires moments, ils nourrirent tous deux l’espoir de fonder un monde meilleur.

Selon l’auteur, le vécu de ces deux hommes «témoigne de l’importance des commencements, même modestes, dans l’histoire des grandes nations».

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Sous Louis XIII, la vision du monde ne fut pas aussi partagée. Le roi est ses ministres nourrissaient un idéal d’ordre et de justice sous l’égide d’un monarque tout-puissant.

Champlain et ses hommes, eux, rêvaient d’humanité et de paix dans un monde marquée par les guerres. Leur rêve se concrétisa, entre autres, dans la fondation de Port-Royal et de Québec.

Champlain a lutté pour la réalisation d’un rêve immense, un grand dessein pour la France en Amérique.

Pendant trente ans, il a sillonné un territoire que se partagent aujourd’hui six provinces canadiennes et cinq États américains, tout en menant un combat non moins farouche contre les ennemis de la Nouvelle-France à la cour d’Henri IV.

Né dans un pays ravagé par les guerres de religion, Champlain a encouragé les mariages entre colons et Indiens, a prêché la tolérance envers les protestants et a inlassablement tenté de maintenir la paix entre les nations indiennes. Bien entendu, quand il le fallait, Champlain a pris les armes et a imposé un nouvel équilibre politique, se révélant ainsi un guerrier et un stratège redoutables.

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Selon David Hackett Fischer, la plus grande réalisation de Champlain n’a pas été sa carrière d’explorateur. Et sa réussite la plus remarquable ne serait pas la fondation de Québec.

«Ce qu’on retient de lui, c’est le leadership exemplaire qu’il a mis au service de l’humanité. C’est ce qui a fait de lui une figure d’envergure mondiale dans l’histoire moderne. C’est l’héritage qu’il nous a laissé à tous», de conclure l’auteur.

David Hackett Fischer enseigne l’histoire à l’Université Brandeis, dans le Massachusetts. Il a remporté le prix Pulitzer en 2005 pour Washington’s Crossing.

David Hackett Fischer, Le Rêve de Champlain, biographie traduite par Daniel Poliquin, Montréal, Éditions du Boréal, 2011, 1008 pages, 44,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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