C’est la Journée sans Meta

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Le journalisme a-t-il un avenir dans notre univers multi-médias et multi-réseaux? Photo: iStock.com/metamorworks
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Publié 15/09/2023 par François Bergeron

Ce vendredi 15 septembre se veut une «Journée sans Meta», en solidarité avec les médias d’information bloqués au Canada par les réseaux Facebook et Instagram. On demande aux internautes de ne pas utiliser ces réseaux aujourd’hui… Certains suggèrent d’en sortir pour toujours.

L’entreprise de Mark Zuckerberg conteste la loi fédérale, adoptée cet été, obligeant les géants du Web à rémunérer les médias pour les articles que ces médias partagent eux-mêmes sur Facebook et Instagram dans le but d’attirer leurs usagers vers la source de ces articles.

Le nerf de la guerre

Au cours de la dernière décennie, 80% de la publicité commerciale a migré des entreprises journalistiques vers les moteurs de recherches et les réseaux sociaux.

C’est du «vol», font valoir les entreprises de presse qui revendiquent le paiement de «redevances» ou de «droits d’auteur» pour leurs articles circulant sur internet. Produire du bon journalisme coûte cher, mais profite davantage aujourd’hui aux plateformes de diffusion externes.

Des débats semblables agitent les secteurs de la musique et du cinéma.

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Google – le plus gros des géants du web – pourrait lui aussi bloquer les résultats de recherches menant à des articles de médias canadiens d’ici la fin de l’année, si la loi adoptée par les Libéraux, Néo-Démocrates et Bloquistes n’est pas modifiée ou carrément retirée. Cela porterait un coup encore plus dur aux médias.

Protectionnisme

La majorité des groupes de presse canadiens – journaux, radios et télévisions anticipant une manne de plusieurs dizaines de millions de dollars – font front commun avec le gouvernement dans ce bras de fer.

Les exceptions se trouvent chez des nouveaux médias pionniers de la spécialisation, de l’opinion, du direct, des vidéos et des balados.

On a comparé la loi fédérale au protectionnisme qu’aurait pu accorder le gouvernement à l’industrie de la calèche face au succès de l’automobile au début du 20e siècle.

On a mentionné un autre précédent, trop réel celui-là: la migration des petites annonces – les pages les plus lucratives des journaux – vers les Craigslist, Kijiji et autres Workopolis au début du 21e.

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Vos médias préférés?

Pour revenir à la «Journée sans Meta»… Aviez-vous remarqué, depuis quelques semaines, que vous n’aviez plus accès aux pages Facebook et Instagram de vos médias d’information préférés? Votre expérience sur Facebook et Instagram s’en trouve-t-elle appauvrie?

La question qui tue… Avez-vous des médias d’information préférés?

On dit que la moitié des jeunes n’en ont pas, préférant se fier aux partages aléatoires de nouvelles ou de reportages par leurs amis sur les réseaux sociaux. Beaucoup de moins jeunes ont également pris cette habitude ces dernières années. Cela a toujours été une très mauvaise pratique.

Cela signifie qu’un grand nombre de «citoyens» (indignes de ce nom) auraient de plus en plus de difficultés à distinguer le vrai journalisme de l’improvisation ou, pire, de la désinformation… ou ne s’y intéressent tout simplement pas.

Au feu!

Récemment, le premier ministre Justin Trudeau a accusé Meta d’empêcher les gens menacés par les incendies de forêts du Grand Nord de s’informer de leur situation en bloquant les médias. Il aurait plutôt dû souligner qu’en temps de crise (comme en temps normal), ce sont les vrais médias qu’il faut consulter pour être bien informé.

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Les plateformes de Meta ne servent pas à s’informer sur les grands enjeux. Ceux qui s’obstinaient à y partager des articles de journaux sérieux le savaient déjà: ils suscitaient beaucoup moins d’interactions que leurs partages de nouvelles personnelles ou divertissantes.

Si la disparition des médias sur Facebook et Instagram incitait les citoyens à revenir directement sur les sites des médias, à s’abonner à leurs infolettres courriel, à télécharger leurs applications ou ajouter leurs sites dans leur barre de signets et leur liste de favoris, cela représenterait un progrès.

Auteurs

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

  • l-express.ca

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