C’est la famine qui décimerait les populations après une guerre nucléaire

explosion nucléaire, atomique, guerre nucléaire
On se doute bien qu’une guerre nucléaire serait catastrophique. Mais peut-on en prédire les impacts avec un bon degré d'exactitude? Photo: iStock.com/RomoloTavani
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 02/09/2022 par Agence Science-Presse

L’humanité n’est qu’à «un malentendu» de l’«anéantissement nucléaire», a récemment mis en garde le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. On se doute bien qu’une guerre nucléaire serait catastrophique. Mais peut-on en prédire les impacts avec un bon degré d’exactitude?

Refroidissement de la planète

La modélisation la plus détaillée à ce jour estime qu’entre 250 millions et 5 milliards de personnes pourraient en mourir dans les deux années suivantes, résultat de la destruction ou de la perturbation des sources de production des aliments.

Une équipe de chercheurs de l’université Rutgers, au New Jersey, a exploré les conséquences d’une guerre nucléaire plus en profondeur que dans les travaux sur «l’hiver nucléaire» des années 1970 et 80.

On avait déjà établi à l’époque qu’après une explosion nucléaire, l’énergie dissipée entraînera la formation de nuages de particules dans l’atmosphère qui bloqueront les rayons du soleil.

Cela provoquerait un refroidissement de la planète pouvant durer des années, entraînant des baisses de température allant de 1 à 16 degrés selon les scénarios, et raréfiant les zones cultivables.

Publicité
guerre niucléaire, bombe atomique
La bédéiste québécoise CAB s’intéresse à l’hiver nucléaire. Ses albums sont publiés aux éditions Front Froid.

Six scénarios de guerres nucléaires

L’équipe de Lili Xia, du département des sciences de l’environnement, a simulé six scénarios à l’aide du Modèle du système terrestre communautaire, une simulation interactive poussée du système terrestre incluant notamment l’atmosphère, l’océan, la glace et la surface des continents.

Les résultats de leur modélisation ont été publiés le 15 août dans la revue scientifique Nature Food.

Les chercheurs ont combiné les données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à des simulations de changements de températures, précipitations et ensoleillement, pour estimer l’impact qu’aurait une guerre nucléaire sur les principales chaînes de production alimentaire.

Le plus «optimiste» des scénarios est celui d’un conflit «régional» entre le Pakistan et l’Inde impliquant 100 bombes de 15 kilotonnes (à peu près la puissance de celle d’Hiroshima). 5 millions de tonnes de particules se retrouveraient dans l’atmosphère, provoquant une baisse de 7% des calories disponibles mondialement.

Le pire des scénarios est une guerre entre les États-Unis et la Russie avec 4400 bombes de 100 kt. Ce seraient alors 150 millions de tonnes de particules qui seraient générées dans l’atmosphère. Cela entraîneraient une baisse mondiale des calories disponibles de 90% dans les cinq années suivant la guerre.

Publicité
guerre nucléaire, bombe atomique
Une nouvelle génération de sous-marins américains lanceurs de missiles à ogives nucléaires entrera en service en 2031. Illustration: US Navy

Famine au Canada

Les pays plus nordiques, qui connaissent déjà des saisons agricoles courtes, se refroidiraient plus vite que les régions tropicales. Ils se retrouveraient rapidement en situation de pénurie alimentaire.

Le Canada serait en situation de famine dans cinq des six scénarios.

Certains pays exportateurs, comme la France, pourraient s’en tirer relativement mieux en arrêtant l’exportation de leurs productions pour les réserver à leur population (ce qui aggraverait les pénuries ailleurs).

Mikhaïl Gorbatchev
Mikhaïl Gorbatchev est décédé le 30 août.

Rappelons que près de 13 000 armes nucléaires appartenant à 9 pays sont stockées dans le monde, dont 90% pour la Russie et les États-Unis. Parmi elles, 2000 sont maintenues en état d’alerte élevée.

Les auteurs de l’étude rappellent cette déclaration des présidents Reagan et Gorbatchev au sommet de Genève de 1985, reprise en juin 2021 par Biden et Poutine: «une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée ».

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur