Catastrophes naturelles vs humaines

Festival de photos Contact

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Publié 06/05/2014 par Magalie Homo

À l’occasion du festival Contact, le centre culturel Beit Zatoun House accueille jusqu’au 18 mai l’exposition Ici et là des artistes Michel Huneault et Valerian Mazataud, deux photographes montréalais qui exposent sur des sujets très différents… en surface.

Michel Huneault, photographe et documentariste, offre une série de photos intitulée Water Memories: des clichés pris pendant et après les inondations de l’automne 2011 à Venise-en-Québec (aux abords du lac Champlain).

Des paysages noyés par des torrents. Des natures mortes faites de maisons figées par des pluies diluviennes. Des étendues d’eau à perte de vue où survie parfois une cabane en bois échouée, comme une arche de Noé prête à se faire engloutir par les vagues.

Ce que l’artiste souhaite souligner c’est la capacité des habitants de ce coin du Québec, qui parait si paisible, à reconstruire leur logement. Les maisons sont rehaussées, l’eau abîme, mais l’Homme est obstiné même lorsque la nature tente de reprendre ses droits, il fuit pour mieux revenir. Des images postapocalyptiques, le calme après la tempête.

Les inondations, une catastrophe naturelle. «À qui la faute?», se questionne Michel Huneault. Des coupables il n’y en a pas qu’un, mais le principal concerné, celui que l’artiste souhaite accuser, c’est le changement climatique venant des émissions industrielles de gaz à effet de serre.

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Ces photos sont exposées par paire: pendant et après. Elles montrent à quel point la nature peut être imprévisible et à quel point elle ne pardonne pas.

Ces clichés sont aussi le reflet de la persévérance de l’Homme face à ces catastrophes, et comment il est déterminé à affronter la nature, à lui tenir tête même dès lors que le combat est inégal.

Contraste

Water Memories fait face à une autre série de photographies, intitulée We are no more signée Valérian Mazataud. Après les catastrophes naturelles, on passe aux catastrophes humaines.

Une question se pose à l’origine du projet: qu’est ce que vous garderiez de votre vie d’avant?

Que garderiez-vous si votre maison était bombardée ou pillée par des soldats?

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Que garderiez-vous si vous deviez fuir votre habitation dans la nuit et marcher pendant des journées entières jusqu’à un camp de réfugiés?

Les réponses Valérian Mazataud les donne à travers cette série de photos bouleversantes. Ce jeune photographe documentariste s’est intéressé à la mémoire et les pertes des réfugiés syriens en Jordanie du nord.

Chacun son histoire, son souvenir. Il suffit parfois d’un petit rien pour se rappeler d’où l’on vient et quelle vie on avait avant. Avant… Un souvenir, un journal, un keffieh, un collier…

Se souvenir des jours meilleurs, mais aussi des atrocités. La mémoire fait parfois défaut et certaines choses tombent dans l’oubli. Les pertes sont matérielles dans une guerre, mais aussi physique, émotionnelles sentimentales.

Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, 2,5 millions de Syriens ont fui leur pays depuis 2011. Mais c’est sans compter les millions de personnes qui errent dans le pays ou ceux qui se cachent dans l’est.

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Cet émouvant reportage photo, Valérian Mazataud l’a réalisé entre septembre et octobre 2012 dans le nord de la Jordanie au sein des camps de réfugiés de Zaatari et Ramtha, proches de la frontière syrienne.

Il a tenu a exposer pour le festival Contact avec son ami et confrère Michel Huneault afin de marquer le contraste entre ces deux catastrophes: l’une naturelle, l’autre humaine. Dans les deux cas, elles touchent l’Homme, montrent sa plus grande force et ses plus profondes faiblesses.

Fuir sa maison à cause des intempéries ou de la guerre: on peut souligner l’ironie de la chose et c’est cette ambigüité que l’exposition Ici et là met en exergue.

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