Camps de vacances: un été très incertain

Le Camp Tournesol actif en ligne dès la fermeture des écoles

Des vacanciers du Camp Ongrandi à Moonbeam, dans le Nord de l'Ontario. Photos: courtoisie.
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Publié 22/05/2020 par François Bergeron

On est habituellement témoin au mois de mai d’une frénésie d’inscriptions des jeunes aux camps d’été. Cette année, en dépit des annonces sur les pages web des camps de la province, les parents attendent, inquiets ou incertains face à la pandémie de CoViD-19.

Le 19 mai, quand le gouvernement de l’Ontario a annoncé que les écoles resteraient fermées jusqu’en septembre, il a aussi mis fin aux espoirs des parents qui souhaitaient envoyer leurs jeunes en camps de vacances à la campagne ou en forêt pour une ou plusieurs semaines.

Seuls les camps de jour seront autorisés cet été, mais seulement «si les tendances positives enregistrées par les principaux indicateurs de santé publique se maintiennent» et dans des conditions de distanciation et de protection qui ne sont pas encore connues.

Le canot sur le lac Rémi est une activité très populaire au camp Ongrandi.

Zéro inscription!

«Alors qu’à ce temps-ci de l’année j’aurais déjà des centaines d’inscriptions à nos camps de vacances et nos camps de jour, j’en ai présentement… zéro», de dire Martine Brouillet, fondatrice et directrice depuis 19 ans du Camp Tournesol, qui a accueilli l’an dernier près de 3000 campeurs de jour et 350 en résidentiel.

Elle s’estimera chanceuse, cet été, de recevoir 700 jeunes dans 6 ou 7 campus dans le Grand Toronto (au lieu de 15 l’an dernier), probablement pas avant juillet et août.

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«On nage en pleine incertitude», dit-elle à L’Express. «Pour les camps de jour, on ne connaît pas encore les directives qui s’appliqueront à la distanciation physique et à la protection des enfants dans les activités, jeux, repas, déplacements…»

Attirant principalement une clientèle d’élèves d’écoles d’immersion, le Camp Tournesol a toutefois réagi à la fermeture des écoles dès le 16 mars en offrant des camps virtuels: 20 classes d’une heure par semaine de jeux, lectures et bricolages en français, qui ont connu un vif succès.

L’organisation de Martine Brouillet offre aussi des cours de français et du tutorat en ligne. «Les élèves d’immersion ont perdu beaucoup d’exposition au français avec la fermeture des écoles», explique-t-elle.

Des jeunes et des moniteurs du Camp Source de vie.

Directives inapplicables?

À Penetanguishene, Sylvia Bernard, du Camp Bivouac (de jour) géré par l’organisme multiservices La Clé, rapporte que «les inscriptions étaient ouvertes avant le début de la crise sanitaire et sont toujours ouvertes».

«Nous n’avons pas encore statué sur l’annulation de nos activités», poursuit-elle. «Nous attendons les directives de santé du gouvernement à cet effet, nous analyserons les exigences afin d’y répondre religieusement. Nous poursuivons la sélection du personnel pour l’été comme d’habitude.»

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Au Québec, plusieurs camps, qui avaient reçu l’autorisation d’ouvrir, ont baissé les bras devant des directives sanitaires et ont décidé de faire une croix sur l’été 2020.

Des vacanciers du Camp Ongrandi.

Ailleurs en Ontario

Ailleurs en Ontario, les responsables des camps de vacances envisagent tous les scénarios. «On va quand même de l’avant comme si on allait ouvrir», indiquait encore récemment le président du Camp Source de vie de Hearst, Patrice Forgues.

«On fait quand même les entrevues avec les moniteurs et ils sont au courant que s’il n’y a pas de camps cet été, ils n’auront pas d’emploi», ajoute-t-il. Postuler à un emploi qui n’existera peut-être pas n’est pas très encourageant, mais la problématique est inévitable et le scénario se répète ailleurs.

«On signe les contrats avec les employés d’été et on a retenu les services de tous les artistes. On n’a pas le choix de faire comme si ça allait arriver et après on ajustera», explique le directeur général et culturel du Carrefour francophone de Sudbury, Stéphane Gauthier.

Camps de jour? Pas à Moonbeam

L’idée de transformer les camps de vacances en camps de jour est une solution qui ne fonctionnerait pas pour tous les camps, notamment pour le Camp Ongrandi près de Moonbeam.

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«Pour nous, ce n’est pas une bonne option, car 60% de notre clientèle vient des régions avoisinantes. On a des campeurs de Longlac, de Timmins, de Cochrane… Donc un camp de jour pour nous, ce n’est pas vraiment viable», expose le président, Rejean Murray.

Des jeunes du Camp Source de vie présentent leurs œuvres peintes avec les mains.

Les jeunes veulent jouer dehors

Une des options auxquelles songent quelques organisateurs est de permettre une migration des animations en ligne. «Nous avons une brochette d’artistes intéressants, donc on voudrait au moins conserver les activités pour les enfants. Ils vont avoir besoin d’être divertis», suggère le directeur général et culturel du Carrefour francophone de Sudbury.

Les circonstances ne sont pas les mêmes du côté du Camp Ongrandi. «Je ne crois pas que nous allons emprunter cette avenue-là: faire un camp virtuel, c’est super, mais il fait beau et les jeunes veulent aller dehors. Il y a de grands défis à essayer d’éduquer nos enfants en ligne, je n’entrerai pas dans ce dossier-là. Et notre camp, c’est sans téléphones, donc ça va un peu à l’encontre de notre philosophie.»

«Mais il y aurait un avantage: moins de moustiques!», plaisante Rejean Murray.

À partir de l’intertitre «Ailleurs en Ontario»: extraits d’un article de Priscilla Pilon, de l’Initiative de journalisme local gérée par l’Association de la presse francophone.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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