L’ancêtre canadien «levait aussi allègrement le coude que le cotillon». Robert-Lionel Séguin l’a démontré en 1972 lorsqu’il a publié La vie libertine en Nouvelle-France au XVIIe siècle. On vient de publier une nouvelle édition de cet ouvrage qui parle aussi bien de marivaudage, rapt, viol et adultère que de meurtre passionnel, inceste et homosexualité.
Le 14 juin 1684, le baron de Lahontan écrit que les trappeurs et voyageurs «s’en donnent à cœur joie au retour». Les hommes mariés retrouvent leurs femmes et en profitent allègrement, mais les célibataires, eux, «se plongent dans la volupté jusqu’au cou. La bonne chère, les femmes, le jeu, la boisson, tout y va.»
Séguin ajoute qu’«une bonne partie de la population masculine est constamment dans le Haut [forêts], à la course aux castors. Comment homme et femme peuvent-ils se fréquenter assidûment dans un climat de perpétuel déplacement?»
«Les cabarets sont des lieux de divertissements et de libertinage, surtout ceux tenus par une femme.» Sans compter que l’indigence et la pauvreté conduisent à la prostitution.
En Nouvelle-France, l’homme est nomade par nécessité et par goût aussi. «Jaloux de sa liberté, il aime courir à droite et à gauche, au gré de ses fantaisies. Dans les Hauts, l’Indienne recherche le partenaire blanc. Le voyageur peut y marivauder comme nulle part ailleurs.»