Blaise Ndala : un auteur, trois romans

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Trois ouvrages de Blaise Ndala.
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Publié 22/12/2024 par Réjean Grenier

Blaise Ndala est probablement l’auteur franco-ontarien le plus lu mondialement. C’est ce qui arrive quand on a un agent littéraire à Paris et qu’on publie aux Éditions du Seuil, une des plus grandes maisons d’édition françaises. Cette renommée est bâtie sur un petit, mais solide, corpus.

Blaise Ndala est originaire du Congo et a fait des études de droit en Belgique avant de s’installer à Ottawa pour y travailler comme juriste dans la fonction publique fédérale.

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Blaise Ndala.

De Senghor à Mobutu

Il publie son premier roman, J’irai danser sur la tombe de Senghor, en 2014 aux Éditions L’Interligne d’Ottawa. L’ouvrage connaît un succès immédiat auprès de la critique et gagne le Prix du livre d’Ottawa, catégorie fiction, en 2015 en plus d’être traduit… en russe.

L’histoire se passe en 1974 au Congo, alors appelé le Zaïre. Les vedettes du roman sont la rumba congolaise qui déferle alors sur le monde et le fameux combat du siècle entre Mohamed Ali et George Foreman.

Le titre est d’ailleurs attribué, dans le livre, au président congolais Joseph-Désiré Mobutu, qui gouverne le plus grand pays d’Afrique et qui est jaloux du président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor.

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Senghor est un écrivain reconnu et premier Africain à siéger à l’Académie française. Le monde francophone n’en a que pour lui, ce qui attise le ressentiment de Mobutu. Ce dernier imagine alors qu’en dépensant des millions de dollars américains pour la tenue du combat du siècle à Kinshasa, il allait surclasser la réputation internationale de Senghor.

Le protagoniste du roman est Modéro, un jeune musicien du nord du Congo qui a acquis une belle réputation dans son coin de pays et qui décide de descendre à Kin la belle pour tenter sa chance auprès des grands groupes de rumba.

Il découvre une capitale où l’arnaque est reine et où l’intégration dans le monde musical n’est pas aussi évidente qu’il l’espérait. Grâce à quelques contacts, Modéro réussira à se rapprocher des musiciens qu’il adule et, surtout, à obtenir un billet pour le fameux combat qui fait trépider Kinshasa et le monde entier.

Le roman est en fait une description de l’Afrique après la décolonisation. Blaise Ndala nous y fait voir la vie quotidienne à Kinshasa, sa musique, ses magouilles et sa magie.

Blaise Ndala
Léopold Sédar Senghor.

Guerres en Afrique

Avec son deuxième roman, Sans capote ni kalachnikov, publié chez Mémoire d’encrier en 2017, Ndala poursuit sa montée fulgurante dans le monde littéraire francophone. Gagnant du Combat des livres de Radio-Canada en 2019, le roman sera traduit en 2024 sous le titre The War You Don’t Hate.

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La trame touche deux domaines: les guerres intestines dans certains pays africains et l’exploitation de ces tragédies par les bien-pensants du secteur humanitaire.

On y rencontre d’abord une cinéaste canadienne, Véronique Quesnel, qui gagne un oscar à Hollywood pour son documentaire sur le viol en tant qu’arme de guerre dans ces conflits qui perdurent en Afrique et ailleurs.

Quand la lauréate invite la vedette de son film à monter sur scène – la jeune Sona, 14 ans, qui a été réduite au rôle d’esclave sexuelle pendant un de ces conflits –, l’adolescente éclate en sanglots. C’est l’euphorie au Kodak Center.

Du faste de la soirée des oscars, l’auteur nous emmène dans un camp de réhabilitation où sont parqués des centaines d’anciens combattants révolutionnaires à la suite d’un accord entre leur mouvement et le dictateur.

Le camp est géré par d’autres bien-pensants européens, des médecins et des thérapeutes qui tentent de «guérir» ces soldats de fortune.

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On y rencontre l’ancien enfant-soldat, le caporal-chef Fourmi Rouge – titre qu’il portait avant, nous dit-il – qui a été convaincu d’écrire son parcoursrévolutionnaire dans un calepin. Ses écrits révèlent les magouilles et l’horreur de ses guerres.

C’est là que l’on sent tout le ressentiment de Blaise Ndala pour ces guerres fratricides et pour la marchandisation qu’en fait l’Occident. On ne peut lire ce roman sans ressentir un sentiment d’injustice.

Congo
La RDC, République démocratique du Congo, au milieu du continent africain.

Monarchie congolaise

Les préjudices de la colonisation sont aussi omniprésents dans le troisième roman de Blaise Ndala, Dans le ventre du Congo, publié en 2021 chez Mémoire d’encrier pour le Canada, aux Éditions du Seuil pour l’Europe et à la maison Vallesse Éditions Abidjan pour l’Afrique.

Le roman a remporté plusieurs prix, dont le Prix international de littérature Cheikn Hamidou Kane, le Prix Ivoire pour la littérature africaine d’expression francophone et le Prix Ahmadou-Kourouma.

Selon l’auteur, ce roman se veut une «pacification des mémoires pour celles et ceux qui, de Bruxelles à Kinshasa, espèrent sans y croire que le passé puisse passer un jour».

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Ce roman raconte l’histoire de la princesse Tshala Nyota Moelo, issue d’une prestigieuse monarchie Bakuba. Prise dans une jeunesse encarcanée dans les rituels liés à la royauté précoloniale, elle réussit tout de même à se libérer de sa famille et s’éprend d’un jeune colon belge avec qui elle vivra quelques années avant d’être abandonnée.

Elle tentera alors de faire jouer ses relations pour se rebâtir sa vie, mais sera dupée et se retrouvera marionnette dans la reconstitution d’un village congolais – certains disent un zoo – présenté aux visiteurs à l’exposition universelle de Bruxelles en 1958. Elle disparaîtra ensuite sans laisser de traces.

Saut en 2004, une nièce de la princesse disparue débarque à Bruxelles et croise un homme qui a connu Tshala et, ensemble, ils finissent par comprendre le destin tragique de la princesse. Je ne vous en dis pas plus. À lire.

Bientôt un quatrième roman

Petite note pour les irréductibles de Blaise Ndala: il vient de terminer le manuscrit final d’un quatrième roman, qui est maintenant entre les mains de son agent littéraire. Le livre pourrait paraître d’ici un an.

Auteurs

  • Réjean Grenier

    Journaliste et éditorialiste depuis plus de 40 ans. Il a été propriétaire d’un journal et d’un magazine dans le Nord de l'Ontario. Avide lecteur, il a présenté une chronique littéraire sur les ondes de Radio-Canada pendant cinq saisons.

  • Francopresse

    Le média d’information numérique au service de la francophonie canadienne, qui travaille de concert avec les journaux membres de Réseau.Presse.

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