«Beethoven, on ne s’en lasse pas»

Jacques Israelievitch va jouer dix sonates d’affilée à la galerie 345

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Publié 16/06/2009 par Guillaume Garcia

Jouer en une seule journée les dix sonates -dont la célèbre Kreutzer-, que Beethoven a composé, voilà l’idée folle qu’a eu Jacques Israelievitch, ancien premier violon de l’Orchestre symphonique de Toronto. En compagnie de la pianiste américano-japonaise Kanae Matsumoto, il se produira le 21 juin, entre 13 et 21 heures sur la scène de la Gallery 345 à Toronto. Une belle journée en prévision pour les amateurs de musique de chambre.

«L’intégrale des sonates de Beethoven pour violon et piano est souvent jouée en trois concerts, trois semaines de suite, ou trois jours. Mais ça s’est jamais fait en un jour à Toronto», annonce le violoniste. Voilà qui pose le décor.

Préparer un double-marathon se prévoit à l’avance, surtout lorsqu’il s’agit de musique. Il s’agit de ne pas faire de faux pas ou de ralentir le rythme!

«Quand j’étais étudiant, je tenais souvent mon violon entre six et huit heures par jour, rassure Jacques Israelievitch, et l’on a répété chaque jour toutes les sonates.» Pourtant, il avoue que même ses proches, ou des amis musiciens l’ont pris pour «un fou» lorsqu’il leur a annoncé son désir de vouloir jouer toutes les sonates en un jour.

Côté physique, le virtuose ne semble pas craindre les fourmis dans les jambes ni les douleurs liées au fait de jouer debout pendant près de six heures: «Il faut être décontracté», explique-t-il. Entre chaque représentation, le violoniste bénéficiera d’une heure pour se restaurer et se reposer. «Je serai peut-être fatigué à la fin de la journée», lance t-il! Oui, il y a des chances! Fausse modestie ou grande confiance en soi?

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Si ce défi ne lui fait pas peur, ça tient pour beaucoup au plaisir que compte prendre Jacques Israelievitch lors de ce concert. «C’est un projet musical qui me passionne.» Et la lassitude dans tout ça? Ce n’est pas dur de toujours jouer, rejouer ces sonates? Il balaie cette idée d’un revers: «Beethoven, c’est tellement vital, c’est comme le pain et le beurre, on ne s’en lasse pas. Il y a toujours quelque chose à découvrir.»

L’été dernier, le violoniste et la pianiste Kanae Matsumoto ont passé leurs journées à répéter et selon l’avis du Torontois d’adoption, la mayonnaise prend bien: «D’instinct, nous jouons bien ensemble, c’est une façon de communiquer que l’auditoire va comprendre, il va suivre ce dialogue.»

Pourtant la difficulté musicale est bien présente. Avant de partir dans des considérations techniques trop poussées, il faut préciser que Beethoven, a contrario de Mozart par exemple, est avant tout un pianiste qui compose de la musique pure, pas spécialement pour le violon. «Du coup il y a des choses difficiles à jouer. La façon dont il écrit (Beethoven, ndlr) est souvent inspiré par la technique du piano. Il y a des morceaux chez lui comme chez Brahms où il faut s’arranger. Ce n’est pas écrit pour que ce soit facile à jouer», décrit Jacques Israelievitch.

Mais comme il le rappelle, en 40 ans de carrière, il a déjà joué «toute la musique de Beethoven», et bien plus encore donc, même si ce concert «sort un peu de l’ordinaire», ce n’est pas ça qui va lui faire peur.

Ce concert précède une autre performance qui aura lieu dans l’État de New-York, le Chautauqua Institution Music Festival.

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Après dix ans de présence à ce festival, le violoniste a eu l’idée de jouer dix sonates de suite pour marquer l’événement. Pourquoi pas!

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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