Bande dessinée: dans les coulisses du 9e art

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Publié 03/05/2011 par Lucie Joie

Le cinéma a été considéré comme langage artistique à partir de 1914. Pour la bande dessinée, il a fallu attendre les années 1990. Un long cheminement expliqué par le bédéiste Paul Roux, de passage à l’Alliance française.

Paul Roux a quitté sa ville natale, Marseille, à l’âge de huit ans, pour le Québec Il en conserve tout de même l’accent ensoleillé! En homme passionné, il aime parler de ce qui le fait vibrer depuis ses six ans et qui le fait vivre maintenant: la bande dessinée. Sa conférence intitulée Petite histoire de la bande dessinée nous a éclairé sur ce 9e art en perpétuelle ébullition.

Au fil des siècles…

On peut faire remonter les origines de la bande dessinée à la préhistoire avec les grottes de Lascaux. «Il s’agit de la première tentative de raconter quelque chose à travers des images», explique Paul Roux. Et c’est avec la tapisserie de Bayeux que texte et images sont associés pour la première fois.

Mais c’est en Suisse, en 1830, qu’apparaît le premier album de bande dessinée telle que nous la concevons aujourd’hui, avec «L’Histoire de Monsieur Jabot» de Rodolphe Töpffer.

De l’utilité de la BD

La BD, comme la littérature, permet à l’esprit de s’évader, de s’amuser lorsqu’il s’agit de gags, de réfléchir…
Mais elle a aussi eu d’autres buts. Elle a été utilisée dans l’enseignement dans les années 1890 ou comme propagande sous le régime de Mussolini pour enrôler les jeunes. «Aujourd’hui on trouve de la bande dessinée partout, même dans les modes d’emploi de IKEA!», explique Paul Roux.

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Certains dessins peuvent aussi servir à dénoncer grâce à l’humour. Il s’agit alors de caricatures, que Paul Roux classe dans la bande dessinée. Les premières caricatures francophones sont l’œuvre de Daumier qui se moquait de Louis Philippe.

Aux États-Unis, en 1952, est publiée la revue Mad qui fait scandale par ses nombreux quolibets, le but étant de briser les interdits. Elle va avoir une grande influence sur les auteurs européens, notamment Goscinny qui va créer, avec d’autres bédéistes, le magazine français. C’est dans ce magazine que sera conçu le plus grand succès de la bande dessinée de tous les temps, «Astérix».

«Goscinny m’a expliqué un jour que tout le monde se retrouve dans «Astérix» parce qu’il y a toujours quelqu’un au-dessus de nous qui nous oppresse, comme les Romains pour les Gaulois. D’où le succès de cette bande dessinée», confie Paul Roux. «Astérix» est un véritable record. Il est traduit dans 107 langues, ce qui en fait un plus gros succès qu’«Harry Potter!», renchérit le bédéiste marseillais.

«La bande dessinée francophone est la plus riche au monde. Mais la BD québécoise a souffert du succès européen. Elle se diffuse lentement, mais progresse avec 20 albums publiés par an», explique Paul Roux, dont le premier tome de la collection Ernest est un best-seller au Québec avec 16 000 copies vendues.

La BD au Québec

Et depuis quelque temps un phénomène nouveau et encourageant se développe dans cette province, la réédition d’albums. La première édition des albums Ariane et Nicolas de Paul Roux était en noir et blanc.

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Mais maintenant, il est possible de se les procurer en couleur grâce aux rééditions. Si ce phénomène existe, c’est qu’il y a une demande de la part des consommateurs. La BD québécoise a donc un long chemin devant elle.

Pour les bédéistes, tout est possible

Selon Paul Roux, «tout artiste organisé a des chances de progresser. Réussir à gagner sa vie par sa passion est parfois un parcours du combattant, mais il faut y croire. Je suis arrivé à vivre de la BD en publiant dans l’Outaouais! Alors, que vous habitiez à Gatineau, New York ou Tombouctou, tout est possible.»

Paul Roux est un auteur très prolifique qui aime varier les genres. Entre aventure, science-fiction, Histoire, gags et religion, il comptabilise plus de 45 albums en tant qu’auteur et illustrateur, a participé à plus de 100 BDs en tant qu’illustrateur et a écrit un roman pour les jeunes, Trafic à New York.

Et il aime raconter avec amusement qu’il a reçu les félicitations du pape Jean-Paul II pour ses illustrations de l’album Missionnaire en Nouvelle-France.

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