Avant la pandémie, on craignait déjà une pénurie de personnel médical

La vaccination ne suffit pas

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MSF a apporté son soutien à la lutte anti-covid en 2020. Photo MSF Canada.
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Publié 26/04/2021 par Annik Chalifour

Avant la pandémie, l’Association des infirmières et infirmiers du Canada avait prédit que le pays connaîtrait une pénurie de 60 000 membres du personnel médical d’ici 2022.

Nous y voilà rendus… en pleine pandémie!

Unités de soins intensifs en péril

De nombreuses infirmières ont quitté leurs postes, exténuées en raison de leurs conditions de travail extrêmes. Résultat: les unités de soins intensifs dans nos hôpitaux torontois sont en péril.

En même temps, de nombreux immigrants professionnels de la santé qualifiés (médecins, spécialistes, infirmiers, intervenants sociaux et communautaires, pharmaciens, autres) ne travaillent pas.

Selon l’Agence Professions Santé Ontario, 13 000 médecins et 6 000 infirmières formés à l’étranger n’exercent pas leur profession.

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Toutefois, en Ontario, certains médecins formés à l’étranger peuvent obtenir une licence médicale supervisée de 30 jours pour aider à lutter contre la covid.

Inclure le personnel médical immigrant

L’immigration fait partie depuis longtemps de notre stratégie canadienne pour remplir les rôles des travailleurs de la santé essentiels. Notre système de santé dépend fortement des immigrants.

Bien que ces professionnels aient fait leurs preuves pendant plusieurs années dans d’autres pays, ils peinent à pouvoir exercer leur profession ici.

Er ce, alors que nous observons une sévère pénurie de ressources humaines dans nos hôpitaux surchargés (particulièrement dans le Grand Toronto ces jours-ci) et que notre population paie un lourd tribut à la crise sanitaire.

On doit, sans attendre, accélérer les processus de reconnaissance des diplômes des professionnels de la santé formés à l’étranger et d’obtention de leur résidence permanente.

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Sauver des vies

On doit assouplir les règles des Associations professionnelles afin de permettre aux travailleurs de la santé nouveaux immigrants d’assumer les rôles essentiels de sauver des vies.

On doit actualiser la dotation de notre personnel soignant afin de garantir la cohérence et la pérennité de notre système de santé. Pourquoi pas, entre autres, par l’inclusion des nouveaux immigrants professionnels de la santé?

Surtout, on ne veut pas revivre une pénurie de notre personnel médical exténué dans six mois. Car la covid et ses variants resteront très probablement parmi nous un certain temps.

35 vols sont récemment arrivés au Canada en provenance de l’Inde où la pandémie fait rage en raison du tout nouveau variant indien (B.1.617) inquiétant. En outre, une cinquantaine de voyageurs ont soumis des tests négatifs frauduleux interceptés aux frontières.

Miser sur notre personnel médical

Au printemps 2020, on a fait appel à l’armée pour gérer la crise frappant nos centres de soins de longue durée. L’Ontario, encore en pleine crise, vient d’y faire appel à nouveau…

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Pourtant, plusieurs de nos organisations non gouvernementales (ONG) détiennent l’expérience en gestion de situations d’urgence santé. Citons Médecins sans frontières (MSF) et la Croix-Rouge canadienne.

À la suite de l’intervention de l’armée lors de la première vague, on a finalement sollicité la Croix-Rouge canadienne. Laquelle continue actuellement de nous apporter son aide humanitaire.

Rappelons que MSF jouit d’une expertise démontrée dans la gestion de diverses épidémies (Ébola, choléra, diphtérie, malaria) se déroulant souvent au sein de contextes d’urgences chroniques.

MSF recrute constamment une vaste gamme de professionnels de la santé qualifiés afin d’appuyer ses missions médicales partout dans le monde, alors que nous en avons crucialement besoin ici, maintenant.

En 2020, MSF-Canada a apporté son soutien à la lutte anti-covid, notamment auprès des sans-abris à Toronto, de communautés autochtones éloignées et d’agences gouvernementales.

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Crise durable

Bien sûr les besoins sont plus criants ailleurs (Afrique, Asie, Amérique latine, Caraïbe, Moyen-Orient).

Cependant, ne pourrait-on pas envisager de négocier un certain volet d’aide médicale d’urgence à long terme, selon nos besoins locaux et régionaux, avec MSF-Canada?

Aujourd’hui, chez nous, maintenant, il s’agit de combler une foudroyante pénurie de personnel aux soins intensifs.

Éviter le délestage, maintenir les soins essentiels: victimes du cancer, maladies chroniques, accidents graves, patients en attente de chirurgies, ainés, groupes marginalisés, personnes vivant avec un handicap et beaucoup plus.

Les interventions de l’armée et le prêt de personnel issu des autres provinces pour venir en aide à l’Ontario représentent un recours in extremis.

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On doit réfléchir autrement, adapter notre système de dotation du personnel de santé en fonction d’une crise durable. Compter sur notre personnel médical immigrant et nos ONG d’expérience.

La campagne de vaccination ne suffit pas.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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