Toronto French School : une semaine de vérité et réconciliation

Toronto French School

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Enfants comme adultes étaient habillés d'un t-shirt orange, symbole de cette journée.
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Publié 04/10/2021 par Camille Margerit

Les élèves et les membres du personnel de la Toronto French School (TFS) ont célébré la Journée nationale de la vérité et la réconciliation avec les Autochtones (30 septembre) pendant quatre jours.

La Journée du chandail orange était déjà célébrée dans les écoles depuis 2013 afin de sensibiliser les élèves à l’histoire des Premières Nations. Mais les choses ont pris un tournant cette année, avec la découverte des restes de 215 enfants sur le terrain de l’ancien pensionnat autochtone de Kamloops en Colombie-Britannique.

Le gouvernement fédéral a décrété la journée du 30 septembre comme jour férié afin de reconnaître cette histoire tragique et de rendre hommage aux morts et aux survivants.

La plupart des écoles de nos conseils scolaires francophones, de nos collèges et universités, ainsi que d’autres institutions comme le Théâtre français de Toronto, ont honoré cette journée à l’honneur des Autochtones, soit par des activités ou simplement par une mention dans leurs médias sociaux.

Tamara Bolotenko
Tamara Bolotenko

L’action de Tamara Bolotenko à TFS

C’est la troisième année que Tamara Bolotenko, vice-principale de TFS, donne l’impulsion dans son école pour célébrer cette journée vérité et réconciliation. « Je suis alliée à la cause. C’est une journée très importante pour reconnaître les atrocités du passé et commémorer l’histoire des Premiers Peuples. »

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Très jeune, Tamara Bolotenko s’est intéressée à ces communautés. Elle les a rencontrées, étudiées, elle continue à lire beaucoup de textes écrits par des membres des Premières Nations, Métis et Inuits.

« Je me suis vite rendu compte que l’histoire que l’on nous apprenait à l’école ne correspondait pas à la réalité. On ne peut comprendre le vécu de ces personnes qu’à travers la voix des dominants. Il faut se tourner vers les gens qui ont eux-mêmes vécu l’assimilation. »

Il était nécessaire pour elle d’agir et de transmettre des valeurs de respect et de justice.

« Nous ne sommes pas responsables personnellement de ce qui s’est passé avant nous, mais nous le sommes aujourd’hui dans nos mots et dans nos actes. Pour créer un avenir inclusif et juste, il faut comprendre et accepter la réalité connue par les Premiers Peuples. Nous devons être éduqués à cela, c’est important pour parvenir à la réconciliation personnelle et communautaire. »

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Des groupes de travail ont permis aux enfants comme aux adultes de discuter de l’histoire des Premiers Peuples afin de la comprendre.

Des activités variées

La vice-principale de TFS a organisé une assemblée afin de parler des pensionnats autochtones et de l’histoire.

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« Les pensionnats constituent une seule méthode d’assimilation. Mais il y en a d’autres. Certaines existent encore aujourd’hui. Il est important d’en parler, mais aussi d’insister sur les langues et les cultures et des Premiers peuples. Cela est fondamental pour accepter la diversité et construire un avenir plus inclusif. »

Multiplier les points de vue semble nécessaire pour appréhender l’histoire des Premiers Peuples du Canada. Ainsi, les élèves de 11e année ont animé une activité dans laquelle deux narrateurs, un représentant les colons et un autre les Autochtones, racontaient le passé de perspectives différentes.

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Lors de leur représentation, les élèves de 11e année étaient debout sur des couvertures représentant l’Amérique du Nord.

Groupes de travail, messages de vérité et réconciliation, chandails orange, musique… La semaine a été riche en évènements afin d’aborder plusieurs perspectives de cette histoire.

« C’est important de réaliser que les Premiers Peuples ne sont pas que des survivants et des victimes de la colonisation et de l’assimilation qu’ils ont subies. Ce sont aussi des gens résiliant, des artistes, des avocats, qui ont des cultures et traditions diverses, formidables. Il faut leur rendre hommage et également considérer la richesse qu’ils représentent au Canada. »

TFS
Les élèves ont créé des cartes avec des messages ou des dessins afin de former une « mosaïque de la réconciliation » placée devant l’école.

Pour l’occasion, TFS a créé 2000 macarons où l’on peut lire le message emblématique de cette journée « Chaque enfant compte ». L’école a aussi lancé des appels aux dons à destination des organismes des Premières Nations et des survivants.

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Le macaron créé par TFS.

Vers la prise de conscience

L’évènement à la Toronto French School prend de plus en plus d’ampleur chaque année. « On sent que les consciences s’éveillent, nous portons tous de plus en plus d’intérêt à cette journée », se réjouit Tamara Bolotenko.

Les élèves ont d’ailleurs manifesté cela lors des groupes de travail.

« Les enfants posaient beaucoup de questions et arrivaient à se mettre à la place de ces enfants. Ils se sentent concernés par cette histoire et la trouvent injuste », témoigne Ronan Le Guern, chargé de communication de TFS.

« J’ai beaucoup d’espoir quand je vois mes élèves. Mais ce n’est que le début », explique la vice-principale de TFS.

TFS
Des messages de solidarité ont été exposés.

« Un travail sur la durée est nécessaire, il faut plusieurs années d’éducation et pas que des évènements une fois par an. C’est comme cela que l’on prend conscience des choses pour ensuite se dédier à un parcours de réconciliation personnel et collectif. »

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Tamara Bolotenko ajoute. « La réconciliation est avant tout un processus personnel. Pour qu’une nation entière se réconcilie, il faut que chacun travail sur ses propres préjugés, ses stéréotypes, se questionne soi-même sur ses façons de penser. »

La semaine de vérité et de réconciliation organisée à TFS est un premier pas dans cette démarche. « Il n’y a pas que les élèves qui apprennent, mais aussi le personnel et les professeurs », témoigne Ronan Le Guern.

« Nous avons beaucoup de chance de pouvoir apprendre les uns des autres. C’est comme cela que l’on va pouvoir construire un avenir meilleur », explique Tamara Bolotenko.

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