Au Musée Aga Khan, la lumière est à l’honneur

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Installation immersive de Tannis Nelson inspirée par un conte Anishanaabe sur la création du monde. Photos: Dominique Guillaumant, l-express.ca
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Publié 30/12/2024 par Dominique Guillaumant

Cela fait 10 ans déjà que le Musée Aga Khan, consacré à la préservation et à la diffusion de la culture islamique, ouvrait ses portes le 18 septembre 2014.

À l’occasion de ce 10e anniversaire, le musée propose une série d’événements et d’activités incluant l’exposition La lumière: perspectives visionnaires présentée jusqu’au 17 mars.

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L’oeuvre Threshold, de Sanaz Mazinani, explore les jeux de miroirs et de projections de faisceaux lumineux.

Trois concepts de la lumière

Cette exposition réunit les oeuvres de onze artistes contemporains canadiens et internationaux. Elle est conçue autour de trois concepts de la lumière: la lumière de l’oeil, la lumière de l’esprit et la lumière du coeur.

La lumière de l’oeil réfère à la vision et à ses principes. La lumière de l’esprit regroupe la connaissance et la recherche intellectuelle. Tandis que la lumière du coeur se rapporte à la spiritualité et à la croissance personnelle.

Travaillant autour d’un ou plusieurs de ces concepts, chacun des artistes nous fait une proposition originale souvent immersive et nous engage dans une exploration sensorielle ou intellectuelle.

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Forêt vierge, d’Anila Quayyum Agha, où se mêlent une faune et flore luxuriantes.

Plusieurs oeuvres immersives

Parmi les onze oeuvres, six sont immersives, à commencer par celle de Tannis Neilson, une artiste multidisciplinaire de la nation Metis Anishinaabe-Red River en Alberta.

Mazinii’ibigan / A Creation est inspirée de l’histoire racontée par Marie Audet, une aînée du Clan de la Tortue, relatant la création du monde par le Grand Esprit Gitchi Manitou. Ses pensées se seraient transformées en faisceaux de lumière voyageant dans la grande noirceur de l’univers apportant ordre, connaissance et vie.

Avec l’oeuvre La forêt vierge / Rain Forest, d’Anila Quayyum Agha, artiste pakistano-américaine, on est immergé dans un univers de jeux d’ombres et de lumières où se côtoient végétation et animaux, rappelant aux visiteurs l’importance de vivre en harmonie avec la nature et de préserver sa diversité.

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Your Space Embraser / Votre étreinte de l’espace, par Olafur Eliasson.

L’oeuvre d’Olafur Eliasson intitulée Your Space Embracer, que je traduirais librement par Votre étreinte de l’espace, joue de façon minimaliste mais efficace avec la lumière et le mouvement. En faisant tourner un anneau de miroir, qui au cours de ses rotations bloque et reflète la lumière projetée, l’artiste crée des ellipses qui rappellent les cycles de la Lune.

Treshold, de Sanaz Mazinani, artiste torontoise d’origine iranienne, est une oeuvre complexe où s’entremêlent miroirs, réflections, jeux de lumières et projections, et dans laquelle les visiteurs essaient constamment d’évaluer ce qui leur est présenté.

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Two Corners, de Phillip K. Smith III, est inspiré par les changements de lumière dans le désert californien. Il propose d’explorer comment la couleur et la lumière influencent notre perception. De grands panneaux colorés changent continuellement de couleur passant du chaud au froid et vice versa, alors que chaque ensemble de panneaux passe à son propre rythme du jour à la nuit pour revenir au jour.

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L’installation Two Corners est inspirée par les changements de lumière dans le désert californien.

Miroirs et illusions d’optique

Ombres spectaculaires / Spectacular Shadows est une initiative du Musée Aga Khan. Elle n’existe que grâce à l’interaction des visiteurs, alors que des lumières colorées reproduisent le spectre de la lumière et évoluent au gré de leurs mouvements.

Sanaz Mazinani n’est pas la seule à jouer avec les réflections et le concept de miroir. Anish Kapoor propose deux oeuvres se faisant face: Miroir / Mirror (Mipa Blue To Organic Green) et Plateau circulaire laqué / Circular Lacquer Dish (Black).

Face aux deux oeuvres, l’une en acier et l’autre en bois laqué concave, le visiteur doit se questionner sur ce qu’il regarde tant au niveau de l’objet lui-même que des réflections qu’il y voit.

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La station Ombres spectaculaires permet aux visiteurs de jouer avec la lumière.

La lumière décomposée

Comme Ombres spectaculaires / Spectacular Shadow, Respirer / To Breathe joue avec le spectre de la lumière. L’oeuvre de l’artiste coréenne Kimsoonja consiste en un film apposé sur les vitres de la cour intérieure du Musée Aga Khan.

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Agissant comme un kaléidoscope, ce film décompose le spectre de la lumière qui change en fonction du temps et de l’heure du jour. Il fait apparaître les couleurs de l’arc-en-ciel qui symbolisent la diversité faisant partie d’un tout.

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Installation de Kimsoonja dans l’atrium du Musée Aga Khan. Un film agit comme un kaléidoscope et décompose la lumière.

La Lune comme inspiration

Thirty-Six Views of the Moon / Les trente-six vues de la Lune, d’Ala Ebtekar, nous rappellent que la Lune est non seulement un des astres le plus visibles et lumineux, mais aussi une importante source d’inspiration à travers les âges, tant pour les artistes et les philosophes que pour les scientifiques.

De plus, le musée a décidé de réinstaller l’oeuvre Lune / Moon, de Luke Jerram, qui était la pièce centrale de l’exposition intitulée La Lune: un voyage à travers le temps / The Moon: A Voyage Through Time. L’exposition présentée en 2019 a été la plus populaire à date avec tout près de 95 000 visiteurs.

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La Lune de Luke Jerram surplombe la salle de la collection permanente du Musée Aga Khan. Elle faisait partie d’une exposition en 2019 et a été réinstallée pour l’occasion.

Autres coups de coeur

Les trois autres oeuvres sont tout aussi originales.

Ainsi, l’oeuvre qui ouvre l’exposition est de Jamelie Hassan, de London, Ontario. Elle consiste en une représentation de la lettre de l’alphabet arabe prononcée «noon» très proche du mot noor qui veut dire lumière. La lettre en néon, encastrée dans un plexiglas, se détache sur un mur noir.

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À mi-chemin de l’exposition, La Matriarche / The Matriarch (Unravelled Treads), de Mallory Lowe Mpoka, est une oeuvre monumentale, faite en l’honneur de sa grand-mère camerounaise.

De la forme d’un phare, elle est composée de plus de 120 panneaux de tissus imprimés de photos de famille. Elle guide les visiteurs dans leur exploration de leur propre histoire familiale et leur réflexion sur le rôle des femmes dans le maintien des liens et le passage des traditions.

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L’installation Matriarch en forme de phare, de l’artiste d’origine camerounaise Mallory Lowe Mpoka.

Enfin, l’oeuvre Who Watches the Watchers? / Qui surveille ceux qui nous surveillent?, de l’artiste irano-canadienne Ghazaleh Avarzamani, organisée comme une mosaïque ou un vitrail, nous rappelle que notre compréhension du monde est morcelée et dépend de ce que l’on veut bien nous laisser voir.

Visite guidée et ateliers gratuits

Le billet d’entrée donne accès aux expositions temporaires et à la collection permanente située au premier étage. Pour un coût minime, il est aussi possible de s’inscrire pour une visite guidée d’une heure très intéressante, animée par des bénévoles.

À l’occasion des fêtes, plusieurs ateliers pour les familles sont offerts gratuitement jusqu’au 5 janvier.

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