Au Café bilingue de FrancoQueer: une ambiance «inclusive» pour apprendre le français

La langue française pose des défis aux LGBT

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Publié 13/12/2017 par Laurie Humbert

FrancoQueer inaugurait le mois dernier un Café bilingue, une série de quatre activités proposées aux LGBT anglophones pour apprendre le français «de façon naturelle, avec ses pairs, dans un environnement inclusif, convivial et sûr».

Pour ce faire, l’organisme a signé un partenariat avec l’Alliance française de Toronto. «L’AFT est un centre très respecté à Toronto. Allier leur expertise et nos projets est une combinaison parfaite pour sa réussite», fait valoir Marc Gamal, coordonnateur de projets pour FrancoQueer.

Quatre activités sont proposées, dont un groupe de discussion hebdomadaire, des cours de français, une série de projections de films queer, et une série de conférences francophones sur l’histoire et la culture franco-canadienne.

À la librairie Glad Day

Le groupe de discussion a lieu au Glad Day Bookshop, «c’est la plus ancienne librairie LGBT au monde!»

Les cours de français proposés sont dispensés par des enseignants de l’AFT qui ne sont pas nécessairement issus de la communauté LGBT. Mais, selon Marc Gamal, «nous travaillons avec l’Alliance française pour nous assurer que les cours fournis font l’objet d’une attention plus poussée et prennent en compte l’identité LGBT des participants».

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Les films proposés par le Café bilingue sont sélectionnés selon plusieurs critères. «On sélectionne des films représentant premièrement notre communauté francophone internationale: canadiens, québécois, acadiens, français, européens, africains, haïtiens; deuxièmement représentant les identités dans notre communauté LGBT; et finalement on a demandé l’avis de plusieurs personnes dans la communauté cinéphile LGBT.»

cafe bilingue francoQueer

Mauvaises expériences

Selon Marc Gamal, il est nécessaire de proposer un environnement inclusif et accueillant dans le cadre de l’apprentissage d’une langue étrangère.

Il explique qu’il existe plusieurs situations qui peuvent s’avérer inconfortables ou non sûres pour des apprenants, comme «le renforcement de certaines règles hétéronormatives en classe, un contenu qui renforce certains préjugés et stéréotypes de genre, ou encore des profs qui ne respectent pas les sensibilités à l’anti-oppression, ce qui peut les pousser à utiliser un langage oppressif en classe».

C’est donc en réponse à ces expériences négatives rencontrées par des membres de la communauté LGBT que FrancoQueer a mis en place son Café bilingue à la librairie Glad Day.

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Il est parfois difficile pour les personnes LGBT de se sentir à l’aise dans un environnement hétéronormé, «ce qui est le cas de beaucoup de lieux», indique Marc Gamal.

Langue française et non binarité

Or, c’est de la langue française qu’il s’agit ici: une langue très genrée et binaire.

Selon le coordonnateur de projets, «la langue française peut représenter un problème pour les personnes qui ne s’identifient pas aux concepts binaires de féminin et masculins tels que définis par notre société. Il n’y a pas de solution simple à ce problème. Comme toutes les langues, le français évolue et s’adapte à l’usage et aux besoins des interlocuteurs. Il est ainsi fort à parier que la langue évoluera pour s’adapter aux identités non binaires.»

Edouard Philippe
Édouard Philippe

En France, «l’écriture inclusive» fait débat. Elle a été formellement interdite dans les textes officiels par le nouveau premier ministre Édouard Philippe.

L’écriture inclusive propose d’annuler la vieille règle «le masculin l’emporte sur le féminin», remplacée par l’accord de proximité (on dira «les filles et les garçons sont beaux» ou «les garçons et les filles sont belles»), l’emploi de termes universels (comme «humain» au lieu « d’Homme»), et la féminisation de certains mots, comme c’est déjà le cas au Canada.

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Pourtant, l’avis de Marc Gamal sur l’écriture inclusive est mitigé. «Les solutions actuellement proposées ne simplifient pas la tâche et peuvent potentiellement présenter des obstacles d’écriture et de lecture. L’adaptation et l’usage de la langue détermineront sans doute ce qui devra s’imposer comme la meilleure option à l’avenir.»

Les excuses de Trudeau

Fin novembre, le premier ministre Justin Trudeau a tenu a présenter officiellement des excuses, au nom du Canada, pour les persécutions de personnes LGBT dans la fonction publique fédérale pendant plusieurs décennies.

Pour Marc Gamal, «cela est extrêmement positif et démontre un désir de faire avancer les choses». Mais «cela fait des années que des excuses auraient dû être présentées», croit le jeune homme.

De plus, il déplore l’absence d’actions concrètes pour la communauté, auxquelles ne peuvent substituer les larmes et les excuses. «Au-delà de l’aspect ‘marketing’ du gouvernement Trudeau, nous attendons toujours des preuves de son engagement sur des sujets bien précis, comme les difficultés rencontrées par des personnes vivant avec le VIH, la violence policière, l’âge légal du consentement pour les relations anales, le don du sang excluant les gais.»

Justin Trudeau et Kathleen Wyne lors du défilé LGBT de Toronto en juin dernier.
Justin Trudeau et Kathleen Wyne lors du défilé LGBT de Toronto en juin dernier.

 

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