Le biographe d’un cardinal italien a déjà écrit que l’État ecclésiastique est une monarchie à l’intérieur de laquelle se trouvent «plusieurs espèces de Républiques» et où, «quoi que tout le pouvoir appartint à un seul, chaque Prince ne laisse pas d’y avoir sa petite cour et son autorité particulière». À quoi ressemblent la cour pontificale et les cours cardinalices au XVIe siècle? Voilà la question à laquelle répond Pierre Hurtubise dans Tous les chemins mènent à Rome: Arts de vivre et de réussir à la cour pontificale au XVIe siècle.
L’auteur explique en quoi consistaient ces cours, que en faisait partie, comment on y entrait, quels avantages on pouvait espérer en tirer et pourquoi on était à ce point attiré par elles. Pierre Hurtubise trouve réponse en consultant des documents d’époque souvent peu connus ou peu exploités: des rôles de cour, des livres de comptes, des registres de salaires, des cérémonials, des correspondances inédites et des traités qui leur sont contemporains.
On y apprend que, au XVIe siècle, Rome est l’une des villes les plus cosmopolites d’Europe. Ainsi, à la cour de Léon X (1513-1521), on comptait 59% de non-Italiens, soit 140 Espagnols, 123 Français, 88 Allemands, 35 Flamands, 28 Lorrains et 19 Suisses. Pas étonnant que Montaigne parle de Rome comme d’une «ville rapiécée d’étrangiers» où chacun «est comme chés soi».
Quelle langue parle-t-on à la cour pontificale au XVIe siècle? Il y a la langue officielle, le latin, qui sert à la fois de langue bureaucratique et de langue liturgique; et il y a le toscan qui est la langue de communication interne et externe des plus hauts échelons de la cour.
Le toscan est aussi la langue des représentations, comme en témoignent les spectacles présentés à cette même cour au profit du pape et de son entourage immédiat, mais également de ses hôtes habituels ou occasionnels.