Focus sur le courage de sportifs aveugles

Le documentaire Vue sur un périple d'Anne-Marie Rocher

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Une scène du documentaire «Vue sur un périple», d'Anne-Marie Rocher: Warren guidant John, cycliste aveugle, lors d'une séance d'entraînement en tandem. Photo: Productions Testa inc.
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Publié 08/04/2023 par Dorian Vidal

Documentariste depuis des années à Toronto, Anne-Marie Rocher est à l’origine de Vue sur un périple, maintenant disponible sur la plateforme tout.tv de Radio-Canada. Le film de soixante minutes nous permet de suivre les entraînements de deux sportifs perdant la vue. 

Le documentaire montre, par l’exemple de John et Ginny, qu’il est important de ne pas baisser les bras.

Anne-Marie Rocher cumule les rôles. La documentariste est également productrice et scénariste.

Cela lui permet de «proposer ses propres idées», dit-elle à l-express.ca. Mais elle n’est jamais seule, elle «toujours accompagnée d’une équipe» qui l’aide. «Je suis mon propre patron, et je peux aller vers des sujets qui me touchent profondément.»

Anne-Marie Rocher
La cinéaste Anne-Marie Rocher.

Inspiration familiale

C’est d’ailleurs le cas de ce film, tourné autour de Toronto et dans la région de la Baie Georgienne. La réalisatrice qualifie la rencontre de John et Ginny de «très marquante et très profonde».

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La grand-mère d’Anne-Marie Rocher, à l’âge de 80 ans, a subitement perdu la vue. Mais son abnégation, et le fait qu’elle a «trouvé des nouvelles façon de voir», a généré une grande admiration chez sa petite-fille.

Mais c’est par hasard qu’elle a rencontré Ginny, qui «perdait progressivement la vue, tout en continuant de faire des activités sportives, comme du ski dans la baie Georgienne ou la randonnée Cycle for sight». 

Immédiatement intriguée par cette force paraissant extraordinaire, elle est allé assister au passage de cette randonnée cycliste. Quand Anne-Marie Rocher a proposé à Ginny de faire un documentaire sur elle, cette dernière a d’abord décliné humblement, déclarant «ne pas être la bonne personne».

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À droite, Ginny et John, avec leurs deux guides. Photo: Productions Testa inc.

Enseignant, comédien, sportif

Ginny conseille alors à la réalisatrice de contacter un autre cycliste aveugle qui est aussi enseignant: John. La cinéaste est fortement marquée par «l’alchimie entre John et Warren, son guide».

Plus encore, John n’est pas étranger au monde des comédiens. Il a en effet incarné des «rôles shakespeariens» au théâtre.

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Anne-Marie Rocher a tourné son film autour de ces deux athlètes, John et Ginny, pour avoir «un côté masculin et un côté féminin».

«Je trouvais ça important de mettre en avant une femme qui pratique plusieurs sports (vélo, voile, ski) tout en étant devenu pratiquement aveugle.»

Quand l’inattendu surprend

Juste avant le tournage, prévu au mois d’août 2022, Ginny a eu un grave accident de ski. Mais cela ne l’a pas arrêté pour autant. Anne-Marie Rocher explique que Ginny «prend actuellement des cours pour pouvoir skier en étant suivie par un guide».

«Elle est extraordinaire», affirme la cinéaste après l’avoir vu skier. «Je comprends qu’elle était dans l’équipe paralympique du Canada dans sa jeunesse». Ce n’est malheureusement pas quelque chose que l’on peut voir dans le film, mais la réalisatrice confirme qu’elle reste en contact avec les différents protagonistes. 

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L’affiche du documentaire Vue sur un périple, avec Ginny et John, deux aveugles qui continuent de pratiquer plusieurs sports. Photo: Productions Testa inc.

Une expérience très enrichissante

Si on pourrait croire que les personnes qui deviennent aveugles perdent leur motivation, ce film montre bien le contraire.

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«Le monde dans lequel nous vivons n’est pas un monde pour les non-voyants», explique Anne-Marie Rocher, mais l’envie de profiter de la vie de John et Ginny a pris le dessus.

La documentariste est également très touchée par «la générosité des guides» et impressionnée par les relations qui se nouent entre les athlètes et eux. 

Après ce film et ces rencontres, elle en vient même à se demander «comment peut-on se plaindre de nos petits bobos, quand on voit des personnes comme ça». Cette immersion dans le monde des non-voyants «donne un coup de fouet»!

Prochain projet: nos forêts urbaines

Pour la cinéaste, le chemin continue. Elle planche actuellement sur un nouveau projet, centré sur les forêts urbaines.

Dans ce film tourné cet été, elle «s’intéresse à la situation des forêts urbaines au Canada principalement». Ce long-métrage retracera les rencontres avec des personnes avec des «projets très innovants».

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«La situation au Canada n’est pas la meilleure», explique-t-elle. «La plupart de nos forêts urbaines sont en déclin».

En coproduction avec l’ONF, Forêt urbaine: une planche de salut, devrait sortir à l’été 2024.

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