Anne Bertoin peint le destin collectif

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Publié 23/01/2007 par Ève Pavesi

Des ossements inhumains et des espaces dévastés. Avec son exposition intitulée Fractured Visions à la galerie d’art Craig Scott, l’artiste française basée à Montréal nous entraîne dans un monde chaotique qui oscille entre le conscient et l’inconscient.

«Je veux engager les gens dans le processus de re-création de l’image.» Voilà le parti-pris artistique d’Anne Bertoin. Les tableaux présentés ne font aucun sens au spectateur à première vue et le déstabilisent. On y voit au premier plan des coups de pinceaux, des traces de peinture qui a coulé et des taches. Ces traces sont très importantes pour Anne Bertoin car il s’agit de son point de départ.

Au début de chaque peinture, l’artiste commence par faire des marques sur la toile et essaye d’y voir quelque chose. C’est à partir de cette interprétation qu’elle va construire et organiser son œuvre qu’elle peut remanier à volonté. «J’utilise de la peinture liquide, ce qui me permet de pouvoir réintervenir plusieurs fois sur le tableau jusqu’à ce que l’espace me semble cohérent.»

Ces tâches sont aussi un moyen pour l’artiste de rappeler qu’il ne s’agit que d’une peinture. «Contrairement à Dali qui peint l’imaginaire proprement avec des tableaux bien léchés où l’on peut facilement s’échapper, moi je veux rappeler qu’il ne s’agit que d’une peinture et que l’on ne peut pas s’y échapper.»

Anne Bertoin veut faire partager son expérience d’interprétation des taches à tous ses spectateurs. Chacun est invité à s’arrêter devant ses tableaux et laisser son cerveau trouver une interprétation. L’originalité de la démarche est que chaque personne pourra y voir quelque chose de différent. Rien n’est jamais dessiné de façon à ce que l’on soit sûr de sa nature.

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La grandeur de certains tableaux qui représentent des espaces dévastés, leur trois dimensions ainsi que l’absence de forme humaine invitent le spectateur à entrer dans l’œuvre et à se poser des questions. «Si je dessine une personne au milieu de mon tableau, cela introduirait une notion d’échelle qui empêcherait le spectateur de s’y projeter.»

Les peintures d’Anne Bertoin, tout comme ses sculptures en bois et en résine, placent le spectateur dans un monde directement sortit d’un mélange entre son inconscient et l’imaginaire. «Cet univers peut être l’avenir ou même le passé mais c’est un monde où il faut survivre.»

La seule chose que l’on peut distinguer ou ressentir est la dévastation dont l’origine reste un mystère. Cet aspect tragique, Anne Bertoin veut le confronter aux images parfaites que l’on peut voir aujourd’hui dans les publicités et qui renvoient à son sens une image fausse, erronée.

La vision qu’elle propose est celle d’une société où les technologies d’aujourd’hui conduisent les hommes à manier des forces qu’ils ne contrôlent pas toujours. De par ses œuvres, l’artiste veut rappeler ce qui s’est passé ou se passera, comme une sorte d’histoire ou de destin collectif.

Une exposition fascinante à découvrir jusqu’au 4 février à la galerie Craig Scott, 95 rue Berkeley. Ouvert du mercredi au samedi de 12h à 18h et le dimanche de 12h à 17h.

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Pour plus d’informations, téléphonez au 416-365-3326.

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