Des ossements inhumains et des espaces dévastés. Avec son exposition intitulée Fractured Visions à la galerie d’art Craig Scott, l’artiste française basée à Montréal nous entraîne dans un monde chaotique qui oscille entre le conscient et l’inconscient.
«Je veux engager les gens dans le processus de re-création de l’image.» Voilà le parti-pris artistique d’Anne Bertoin. Les tableaux présentés ne font aucun sens au spectateur à première vue et le déstabilisent. On y voit au premier plan des coups de pinceaux, des traces de peinture qui a coulé et des taches. Ces traces sont très importantes pour Anne Bertoin car il s’agit de son point de départ.
Au début de chaque peinture, l’artiste commence par faire des marques sur la toile et essaye d’y voir quelque chose. C’est à partir de cette interprétation qu’elle va construire et organiser son œuvre qu’elle peut remanier à volonté. «J’utilise de la peinture liquide, ce qui me permet de pouvoir réintervenir plusieurs fois sur le tableau jusqu’à ce que l’espace me semble cohérent.»
Ces tâches sont aussi un moyen pour l’artiste de rappeler qu’il ne s’agit que d’une peinture. «Contrairement à Dali qui peint l’imaginaire proprement avec des tableaux bien léchés où l’on peut facilement s’échapper, moi je veux rappeler qu’il ne s’agit que d’une peinture et que l’on ne peut pas s’y échapper.»
Anne Bertoin veut faire partager son expérience d’interprétation des taches à tous ses spectateurs. Chacun est invité à s’arrêter devant ses tableaux et laisser son cerveau trouver une interprétation. L’originalité de la démarche est que chaque personne pourra y voir quelque chose de différent. Rien n’est jamais dessiné de façon à ce que l’on soit sûr de sa nature.