Ado bi et mec mormon

Autoboyographie

livre
Christina Lauren, Autoboyographie, roman traduit de l’anglais par Anais Goacolou, Paris, Éditions Hugo New Way, 2018, 408 pages, 24,95 $.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 04/11/2018 par Paul-François Sylvestre

«Je suis juste un ado bi moitié juif en train de tomber amoureux d’un mec mormon. La voie n’est pas toute tracée.» Voilà un résumé éclair du roman Autoboyographie écrit à quatre mains par Christina Hobbs et Lauren Billing qui signent en réunissant leur prénom seulement.

Le roman de Christina Lauren aborde la naissance et l’éclosion d’un premier amour dans un contexte pour le moins inhabituel. En raison du travail de ses parents, Tanner Scott, 18 ans, quitte la Californie pour l’Utah où un de ses cours consiste à écrire un roman en un semestre. En classe, le prof lui présente le tuteur Sebastian Brother, 19 ans, et c’est le coup de foudre immédiat.

Planètes pas alignées

Tanner est attiré vers les garçons et les filles depuis l’âge de 13 ans. Sebastian grandit auprès de «parents saints des derniers jours»; son père est évêque de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (Mormons). Les planètes ne sont pas vraiment bien alignées.

On devine assez tôt que la relation sera parsemée d’embûches. Tanner est appuyé par sa meilleure amie Autumn et ses parents stressent non pas parce qu’il fréquente un garçon, mais plutôt un mormon. Chaque fois qu’ils en parlent, Tanner sent « cette ombre noire qui vient masquer la lumière ».

Atteint par une météorite

L’amour éprouvé par les deux garçons demeure en effet lumineux. Chaque fois qu’ils s’embrassent en cachette, Tanner sent une explosion, son cerveau fond, «on a été atteint par une météorite, […] chaque cellule de mon corps se glisse dans ce baiser».

Publicité

Sebastian éprouve les mêmes sentiments, mais refuse de leur donner une étiquette homo. Sa pensée se résume ainsi: «Moi, je ne suis pas gay, je ne suis pas hétéro, je suis moi.» Quand Tanner lui dit «Tu veux amener ton mec à une activité du temple?», il répond « Je veux t’amener, toi.». Son identité n’a rien à voir avec le mec dans sa mire. Elle repose sur le fait qu’il soit mormon.

Obstacles à  l’amour

Les auteures signalent comment il y a plein de raisons pour que l’amour ne marche pas: la distance, l’infidélité, la fierté, la religion, l’argent, la maladie.

Elles montrent aussi qu’il n’y a qu’une raison pour que ça marche: le cœur. Tanner aime dire que «l’amour ne dépend pas d’où je balade ma queue».

L’histoire se passe à Provo, petite ville dans l’État d’Utah, là où le jugement de l’Église pèse comme une épée de Damoclès. On ne le mentionne pas, mais cette ville fut ainsi nommée en l’honneur d’Étienne Provost, un trappeur canadien-français arrivé dans la région en 1825.

Argot parisien

J’ai lu le livre dans sa traduction en langue française, celle de la France. L’argot parisien ou autre se glisse ici et là. En voici quelques exemples: «Alors, je botte en touche. Ses soupçons sont tout bénef pour moi. Je voudrais me foutre des baffes. T’as flippé ta race.» Et les marshmallows ne sont pas des guimauves, mais plutôt des chamallows.

Publicité

À la fin du livre, on trouve quatre pages de ressources que les auteures ont aimées. Chacune «traite de l’identité LGBT d’une façon qui a résonné en nous»: livres de non-fiction et de fiction, films, sites web et groupes d’appui.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur