À chacun la sienne

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Publié 17/11/2015 par Gabriel Racle

S’il est un livre surprenant, inattendu, insolite même et pourtant distrayant, amusant parfois, et finalement bienvenu, c’est bien celui que viennent de publier les éditions Flammarion sous le titre enjôleur, Luxe, cuir et volupté (parodie de Baudelaire, Luxe, calme et volupté, L’invitation au voyage), pour présenter l’histoire de la chaussure.

Nul doute que le lecteur de cet ouvrage — et l’on peut prévoir qu’ils seront nombreux tant le sujet est intrigant — y trouvera chaussure à son pied, au moins au sens littéral de l’expression.

Comme le précise l’éditeur, cet ouvrage collectif propose une histoire complète de la chaussure à travers le monde, ce qui englobe tous ses aspects. Aussi belles qu’essentielles, les chaussures ne sont pas qu’un accessoire de mode — dans le monde féminin en particulier — elles offrent des indices importants concernant le genre masculin ou féminin, le statut social ou l’identité de celle ou de celui qui les porte, à leur goût et à leurs pratiques quotidiennes.

Si l’on aborde la chaussière, qui couvre, découvre, orne cet partie sensible de l’être humain que sont ses pieds, on peut presque tracer un profile de celle ou de celui qui les possède — on se souvient d’Imelda Marcos, épouse de Ferdinand Marcos président des Philippines (1965-1985), qui disposait de plus de 3000 paires de chaussures — ou qui les porte, des chaussures simples aux chaussures les plus fantastiques, pour se donner l’image de ce qu’elle ou il est ou voudrait être.

Et cette histoire de la chaussure n’est pas une histoire abstraite, loin de là. Constituée à partir d’une sélection de créations datant de toutes les époques, les exemplaires ainsi choisis sont présentés sous divers angles, en couleur la plupart du temps. Chaque page est ainsi illustrée de productions artisanales ou industrielles dans une mise en valeur des prouesses techniques réalisées et de la créativité inventive des réalisateurs.

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Imaginaire

L’histoire est répartie en trois sections dont la première est intitulée «Pouvoir et séduction». Elle est précédée d’une préface du président de la Fédération française de la chaussure, qui explique de suite l’intérêt de cette histoire: «Depuis les temps les plus anciens, la chaussure a toujours occupé une place particulière dans l’imaginaire des hommes.»

C’est cet imaginaire que l’ouvrage nous invite à découvrir.

Parodiant le titre du célèbre film d’Elia Kazan, Un tramway nommé Désir (1951), suivent quelques pages illustrées d’Helen Persson intitulées «Des chaussières nommées désir». «Mais les hommes comme les femmes n’achètent pas de chaussures pour la valeur qu’elles représentent, mais plutôt pour le plaisir que leur possession procure, pour leur simple beauté et pour le savoir-faire que leur production a nécessité.»

L’actrice britannique Keira Knightley, que cite l’auteure, semble confirmer cette assertion: «Quand je vois une paire de chaussures que j’admire, cela ne fait rien s’ils l’ont dans ma taille ou non. Je l’achète de toute façon.»

Pouvoir et séduction

Sept chapitres abordent cette question, des souliers magiques des contes de fées au fait qu’il faut souffrir pour être belle, en passant par «Un fétiche très à la mode» illustré de quelques photos érotiques.

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Les pieds que parent des chaussures peuvent avoir une saveur érotique, que celles-ci peuvent accentuer. «Chaussures et sexe sont équivalents» déclare Francesco Russo, créateur de chaussures peu communes.

Art et innovation

On passe de la production de masse au plastique à gogo, sans oublier «L’art de la chaussure» et les «Futurs extrêmes». L’histoire de la conception des chaussures, passée et présente, trouve ici tout naturellement sa place.

«L’utilisation de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques a pratiquement toujours été le facteur déterminant de l’innovation dans la conception de la chaussure, que ce soit en terme de style ou de fonction.»

Obsession

«Il semblerait que les chaussures soient devenues l’accessoire le plus représentatif de la réussite sociale…», peut-on lire avec les explications justificatives dans le premier texte de cette troisième section, sous le titre «Nouvelle star, le créateur de chaussures».

Et l’histoire se poursuit avec «Les hommes en talon. Du pouvoir à la perversité», pour finir par «Le cabinet du collectionneur de chaussures».

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Un Glossaire illustré termine cet ouvrage singulier qui ne peut qu’intéresser tout le monde, puisque, à un moment donné ou à un autre, tout le monde a trouvé chaussure à son pied. Est-ce l’une des innombrables et parfois extravagantes chaussures représentées en couleur dans ce livre?

Importance sociale

«Les connotations attachées aux chaussures, transmises par les contes de fées, les mythes et les histoires populaires dès l’enfance, et renforcées depuis des millénaires par l’importance que la société leur accorde en tant qu’indices de fortune et de privilège sont si ancrés en nous que nous ne pensons même plus au sens exact que nous leur donnons.»

Tout en réfléchissant à ces propos d’Helen Persson, suivons l’invitation de Jean-Pierre Renaidin à la fin de sa préface: «Admirons à travers cet ouvrage ce que les artisans d’art connus et inconnus nous ont légué à travers le temps et les cultures auxquels ils appartenaient.»

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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