À cause de la covid: une révolution pour la qualité de l’air intérieur?

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Pendant la pandémie, l'enjeu de la ventilation des écoles est devenu important. Photo: archives l-express.ca
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Publié 30/05/2023 par Agence Science-Presse

La covid pourrait-elle faire pour la qualité de l’air intérieur ce que le choléra a fait pour la qualité de l’eau — une prise de conscience qu’on aurait la capacité technique de réduire les risques de maladies infectieuses?

La question réjouirait sûrement les vendeurs de systèmes de ventilation. Mais il est certain qu’une des conséquences de la pandémie aura été qu’on n’a jamais autant accumulé de données sur l’importance de bien ventiler des lieux fermés où cohabitent beaucoup de gens, comme les écoles, les usines ou les résidences pour personnes âgées.

«Nous pourrions être au bord d’une révolution de la qualité de l’air intérieur», titre le professeur en santé publique de l’Université Harvard, Joseph Allen, dans une lettre d’opinion publiée le 15 mai par le Washington Post.

Microbes invisibles

À la fin du 19e siècle, la découverte que des bestioles invisibles à l’œil nu étaient les responsables de la prolifération de maladies, dont le choléra, a été le catalyseur pour l’aménagement de meilleurs égouts et de systèmes d’épuration des eaux… Deux choses qui relèvent de l’évidence aujourd’hui dans les villes des pays riches.

Allen cite deux événements survenus la même semaine où il publiait sa lettre, et qu’il voit comme les premiers pas vers ce qui pourrait être une révolution similaire à celle d’il y a un siècle.

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D’une part, le Centre de contrôle des maladies des États-Unis a publié pour la première fois une cible pour un système de ventilation: cinq changements d’air à l’heure.

D’autre part, le regroupement américain des ingénieurs spécialisés dans ce domaine (Association of Heating, Refrigeration, and Air-Conditioning Engineersa publié un brouillon de ce qui pourrait devenir cet été la première norme de l’histoire de cette industrie pour «atténuer les pathogènes».

Des normes pour la ventilation

Ce n’est évidemment pas la première fois que, depuis le début de la pandémie, des organismes prennent position pour l’importance de systèmes de ventilation dignes de ce nom. Mais c’est une rare fois où des normes apparaissent noir sur blanc, selon Allen.

«Faute d’une norme spécifique pour la ventilation, il en a résulté de la confusion et un manque de transparence. “Avez-vous amélioré la ventilation?” est très différent de “avez-vous amélioré la ventilation à un seuil spécifique?”».

Et nombre de groupes vulnérables en ont payé le prix pendant la pandémie. «Le virus a frappé une population qui passe la grande majorité de son temps à l’intérieur, avec des normes minimales de ventilation des années 1970.»

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La covid: une crise de la ventilation

Plusieurs experts ont évidemment dit la même chose pendant la pandémie.

«La crise de la covid est presque certainement une crise d’air intérieur. Elle est très probablement une crise de la ventilation», écrivaient par exemple en octobre 2021 le professeur de génie mécanique Yuguo Li et ses collègues de l’Université de Hong Kong, dans la revue Indoor Air.

Et ce n’est évidemment pas juste le coronavirus qui est en cause. La grippe et le virus respiratoire syncytial, entre autres, profitent aussi d’airs intérieurs mal ventilés.

En plus de ce qu’on appelle le syndrome des édifices hermétiques (sick building syndrome), qui inclut des maux de tête, des difficultés à se concentrer, de l’absentéisme au travail, etc.

Allen se veut optimiste. «Le plancher pour des normes minimales d’air intérieur a été levé, et on commence à corriger une erreur d’il y a plusieurs décennies qui a eu des conséquences désastreuses.»

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