Le Nobel d’économie 2017, Richard Thaler, de l’Université de Chicago, est un de ces chercheurs qui, en réussissant à jeter un pont entre la neurologie et les sciences sociales, a fait mieux comprendre comment nos biais personnels font de nous des êtres faciles à manipuler… pour le meilleur et pour le pire.
Au point de départ, nous ne sommes pas des animaux rationnels, ou des «acteurs rationnels», comme une vision de l’économie l’a longtemps défendu. Notre cerveau, parce qu’il suit la loi du moindre effort, va presque toujours privilégier la solution la plus simple, la décision la plus rapide, plutôt que de soupeser les avantages et les inconvénients. Ce qui nous met à la merci d’une habile stratégie de désinformation qui jonglerait avec nos émotions.
Mais ça nous met aussi à la merci d’une forme de «manipulation bienveillante», et c’est ce qu’a théorisé Richard Thaler dans les années 1980 et 1990. En compagnie du juriste Cass Sunstein, il a fait connaître au grand public cette théorie du «coup de pouce» (en anglais, nudge) en 2008 dans l’ouvrage Nudge: Improving Decisions About Health, Wealth and Happiness.
Questionnement
L’idée derrière cette «manipulation bienveillante» est de transmettre aux gens une information qui les amènera à se poser eux-mêmes des questions, avant de prendre une décision. Par exemple:
– on leur communique la consommation moyenne d’électricité dans leur quartier, dans l’espoir d’amener les plus énergivores à réduire leur consommation. Alors que la vision classique de l’économie aurait plutôt été d’expliquer à ces gens comment réduire leur consommation, et combien d’argent, ils économiseraient s’ils le faisaient;