Chine: lorsque l’art et la nature se donnent rendez-vous (2)

Le Yangtzé («Dragon chinois») maître du climat et de l’eau, au coeur de ses «Trois Gorges»: une des plus belles routes touristiques du monde

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Publié 07/08/2012 par Anne Antomarchi

Wuhan

À environ 1000 km de Beijing, dans une plaine parsemée de collines, Wuhan, 9 millions d’habitants, capitale de la province du Hubei et 12e plus grande ville de la Chine, s’étend sur environ 8500 kilomètres carrés.
Cette année, elle reçoit la presse du Québec, celle de l’Ontario, ainsi que des spécialistes du voyage de la Russie et de l’Italie, pour le 6e Salon du tourisme.

À Wuhan, le Yangtzé serpente à travers la ville qui se compose de trois cités constituant des «villes dans la ville». Wuchang, sur la rive droite, est renommée pour ses lacs, ses rivières, ses universités. Hanyang et Hankou se dressent sur la rive gauche du fleuve. Hankou est aujourd’hui, le centre des affaires.

Le Yangtzé, Yangzi, Yang Tsé Kiang ou Yangzi, nommé aussi autrefois le fleuve bleu, prend sa source dans le Quingahi au pic enneigé de Gladandong aux monts Tanggula. Il coule en direction de l’Est en traversant onze provinces: Qinghai, Tibet, Sichuan, Yunnan, Hubei, Hunan, Jiangxi, Jiangsu, Anhui, Shanghai et Chongquing pour se jeter dans la Mer Orientale.

Sur 27 millions d’hectares vivent 300 millions d’habitants. À l’ouest du Hubei, culminent, à 3105 m, les monts Daba et Shennonglia. Par contre, l’Est de la province se distingue par un faible relief. Riche en lacs, la plaine Jianghan, est réputée pour la production de céréales de coton, d’huile de sésames, de crevettes, de poissons de Wuchang, de lotus, de thé, d’huiles curatives d’aleurite ou d’arbres cultivés pour ses noix, et d’arbres à laque.

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L’industrie du Hubei occupe la première place au centre de la Chine: acier, machines, électricité, chimie, textile, etc. Le combinat métallurgique de Wuhan et l’usine d’automobiles # 2 de Shiyan sont aussi connus dans tout le pays.

Wuhan est le noeud ferroviaire de la ligne Beijing-Guangzhou. En 2010, le PIB de la province du Hubei a atteint 1580 milliards de Yuans (environ 150 milliards $), soit une augmentation de 142% par rapport à celui de 2005. Le taux de croissance au titre de 2010 a été de 14,8%, porté par la poursuite d’une expansion sans précédent du secteur immobilier et de la construction. (Source: Consul de France à Wuhan) 

Légende du «Dragon d’eau

«L’eau du ciel est déversée par le Dragon. Le Dragon, animal totémique de la Chine et symbole du cycle vital dans son ensemble, est fondamentalement un animal aquatique.
L’hiver, il dort dans l’eau et s’imprègne d’éléments liquides. Ensuite au printemps, il se réveille et, s’il oublie de se réveiller, on le fait réagir à coup de gongs et de pétards. Il entreprend alors sa montée vers le ciel où il parvient en été et d’où il déverse son eau sous forme de pluie.
Avec l’automne arrive la saison Yin, durant laquelle le flux vital commence à se diriger vers le bas: le Dragon redescend du ciel pour venir tout au long de l’hiver se tapir au fond des eaux et s’en gorger pour, au moment du nouveau cycle, repartir vers le ciel d’où il se déversera à nouveau.» (Source: C.J-D Javary)

C’est ici à Hankou, sur l’avenue Jian She, que se situe notre hôtel: le Shangri-La Palace. Il est un bijou d’élégance classique. Le sol en marbre brillant capte toute la lumière et ses lustres en cristal ressemblent à ceux que l’on voit dans les châteaux. Tout est en place pour une halte plaisante.

Nous assisterons à une grande soirée, et, après le banquet agrémenté d’un concert, nous lèverons l’ancre et je m’émerveillerai en découvrant Wuhan, en naviguant sur le Yangtzé.

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Chaque bâtiment est finement ourlé de lumière, ciselé de graphiques et de scènes colorées qui changent constamment de sujet. Que visiter demain à Wuhan?

La Tour de la grue jaune

La Tour de la grue jaune est une pagode qui dresse ses étages sur la «colline du serpent». Ancien siège du gouvernement de la Révolution de 1911, elle est le symbole de la ville.

Il s’agit d’un parc abondamment arboré qui grimpe la colline par des sentiers, des escaliers, des terrasses. Au coeur de cette nature luxuriante, on admire des bâtiments anciens entourés de plans d’eau où scintillent au soleil des plantes aquatiques. Des restaurants pour faire une halte, des boutiques et des musées.

(Voir le reportage «J’ai vu le soleil se lever sur le Yangzté»)

Cette année, un autre sentier m’emmène jusqu’au sommet, il dévoile des angles différents du paysage: dès la première terrasse, l’architecture contemporaine se mesure à l’architecture traditionnelle de la ville de Wuhan un contraste frappant qui n’est pas pour me déplaire. La vue du haut de la Pagode est toujours impressionnante.

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Le Musée de la province du Hubei

On peut le visiter avec intérêt, quantité de fois, tant il y a, à voir. Il expose, entre autres merveilles, un fabuleux ensemble instrumental de cloches en bronze de l’époque des royaumes combattants (il y a 2,500 ans). J’assiste à un concert qui met en vedette les cloches en bronze.

(Lire une description détaillée de la découverte de la tombe du Marquis Yi en 1978.)

Jingzhou

Le soir même nous sommes conviés à une réception (souper et spectacle) organisée par les officiels de la ville. L’hôtel qui nous reçoit et où a lieu la soirée est le Jwi Hôtel. Ses murs proposent de beaux tableaux, des sculptures en bronze ornent le Lobby, une fontaine et ses jets d’eau, des escaliers élégants. De vastes espaces. Un accueil des plus chaleureux.

Jingzhou se situe au coeur de la région de Jiangling: elle était une halte impériale pendant les déplacements de l’Empereur. Les rayons de soleil déclinent sur les toits de tuiles. La vie semble se dérouler douce et paisible.

Les souverains des Trois Royaumes: Wei, Shu et Wu, poursuivirent leur expansion et se battirent durant 70 ans. Avec un déluge de puissance et de génie tactique, la bataille de la «Falaise rouge» va rester comme la plus célèbre de l’Histoire et changer le destin de la Chine pour toujours.

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Cité plusieurs fois millénaire, les remparts de Jingzhou, attribués au général Guan Gong, épousent l’ondulation du cours d’eau, ils sont incontestablement les plus anciens de l’Empire du Milieu. Construites avec des briques posées sur une base en pierre, elles furent «cimentées», c’est inimaginable, avec une préparation faite uniquement de riz glutineux. La citadelle doit donc sa résistance à une bouillie de riz!

Ce qui est aussi unique, c’est la Porte d’entrée entourée d’eau. Ainsi, les bateaux entraient et sortaient de la ville

Pourquoi Jingzhou était-elle si enviée?

Pour sa position stratégique sur les rives du Yangtzé. Position vitale pour la défense de la région de la Cité et convoitée pour son accès à toutes les ressources de la mer du Sud, grâce à cette voie navigable cruciale pour les nombreux échanges commerciaux.

Autres attraits: les milliers de terres de la région de Jingzhou se situent sur l’ancien lit du Yangtzé, donc très fertiles. Certaines ne sont pas cultivées, car elles sont une réserve naturelle précieuse pour l’animal unique qui l’habite: le cerf de David, et dans le fleuve une espèce rare de poisson: les marsouins.

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Le fleuve est le berceau de la civilisation chinoise Shu.

Au pays des Tujia

Depuis le quai de LongjinXi, excursion au pays de la communauté Tujia. À travers le site du «Foyer des Trois Gorges», je découvre, dans un décor enchanteur, les us et coutumes des habitants locaux, l’ethnie Tujia.

Le site est sans doute le plus beau des Trois Gorges du Yangtzé. Je suis éblouie comme je l’ai été en 2009. Cette année-là j’avais appréhendé ce site depuis la montagne… J’étais descendue jusqu’au fleuve.

Aujourd’hui, c’est depuis la Gorge Xillinxia, que je découvre ces paysages pittoresques. Une nature flamboyante de pins, cyprès, bambous, cornouillers, azalées rhododendrons où serpente un sentier fait d’escaliers qui s’accroche aux pentes des monts, longe les rivières enchanteresses où naviguent des embarcations à voiles.

Une jeune femme en costume d’époque joue de la flûte, un pêcheur s’adonne à la pêche en dessinant des formes magiques avec le filet tendu sur des bambous. Des torrents impétueux qu’il faut traverser sur des rochers polis par les eaux ont jadis fait tourner ces roues à eau.

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De romantiques ponts, de bois ou de pierre, composent un décor idyllique… Tandis que des cascades rafraîchissantes se précipitent depuis une falaise. Des bâtisses de bois aux toits de tuiles abritent des artistes qui simuleront une cérémonie de mariage reflétant les traditions d’il y a plusieurs centaines d’années.

Ils choisissaient leur partenaire librement, se faisaient la cour en chantant et en dansant avec l’approbation d’un chamane. Nous sommes redescendus jusqu’au quai de LongjinXi par un autre sentier. Sur la retenue d’eau juste avant le Yangtzé, plusieurs petits voiliers me font l’effet d’une carte postale… Je m’imprègne de cette atmosphère rurale, paisible, hors du temps.

Sur le Quai, dans une salle, un autre spectacle nous attendait.

5,72 millions de Tujia vivent dans la chaîne des monts Wulling dans l’ouest des provinces du Hunan et du Hubei… Bien qu’ils eussent formé un groupe ethnique distinct depuis longtemps, les Tujia n’ont été reconnus officiellement qu’en 1956. L’année suivante, la préfecture Tujia-miao de Xiangxi a été fondée. Les districts autonomes de Laifeng et de Hefeng du Hubei le furent en 1980.

Aujourd’hui, les Tujia sont scolarisés et disposent d’installations modernes. Les entreprises des Tujia touchent surtout la métallurgie, la machinerie, le charbon, les textiles, les plastiques, la papeterie, les matériaux de construction, la construction de bateaux et la fabrication de l’alcool.

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Le chemin de fer Hunan-Guizhou a finalement ouvert au reste de la Chine la région montagneuse où habitent les Tujia.

Merci à l’Office du Tourisme chinois

À bientôt pour la suite.

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