Un 150e anniversaire mal compris

«L'Amérique du Nord britannique» en 1867. (Illustration: Archives Canada)
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Publié 25/05/2017 par Paul-François Sylvestre

Tous les jours, des journalistes et des annonceurs de la presse écrite et électronique nous invitent à célébrer le 150e anniversaire du Canada. C’est complètement faux. Si on remonte à 150 ans, on se trouve en 1867, année où l’Acte de l’Amérique du Nord britannique a été adopté. On célèbre donc les 150 ans d’une loi, pas d’un pays de l’Atlantique au Pacifique.

Le mot Canada apparaît sur des cartes dès le 16e siècle. En 1535, Jacques Cartier donne ce nom à tout le territoire gouverné par le chef amérindien Donnacona, à Stadacona (actuelle ville de Québec). Des cartes européennes appliquent ensuite le vocable Canada au peuplement français le long des rives du fleuve Saint-Laurent.

Jusqu’au traité d’Utrecht (1713), la Nouvelle-France compte cinq colonies ou territoires possédant chacun une administration propre: Terre-Neuve, l’Acadie, le Canada, la baie d’Hudson et la Louisiane. Le Canada d’alors comprend la région des Grands-Lacs, la vallée du Saint-Laurent et la vallée de l’Ohio.

Après la conquête britannique (1759), l’appellation Canada est récupérée par les autorités de l’Empire britannique et désigne la plupart des colonies anglaises en Amérique du Nord.

Le mot Canada entre dans un texte de loi en 1791 lorsque «The Province of Quebec» est scindée pour créer le Bas-Canada et le Haut-Canada, soit une mince part du Québec et de l’Ontario actuels. Ces deux entités seront amalgamées en 1841 pour devenir le Canada-Uni.

Lorsque l’Acte de l’Amérique du Nord britannique entre en vigueur (1er juillet 1867), le Dominion du Canada ne comprend que quatre provinces: Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse. L’Ontario et le Québec de 1867 forment encore une portion seulement de leur étendu d’aujourd’hui.

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En laissant entendre que notre Canada actuel célèbre ses 150 ans me semble dès lors très réducteur. Il ne s’agit pas du 150e anniversaire des dix provinces et trois territoires, loin de là. C’est pourtant ce que Radio-Canada laisse entendre. Son site nous invite à découvrir les activités entourant les 150 ans du pays actuel grâce à la radio, la télé et le web.

Il est vrai que la société d’État apporte parfois des nuances en précisant que «le Canada célèbre son 150e anniversaire en tant que nation». Mais des bulletins de nouvelles et des reportages clament haut et fort tous les jours que le pays tout entier a 150 ans. Les annonceurs embrassent le même ton. Via Rail, par exemple, «célèbre le 150e anniversaire du Canada en offrant en exclusivité une passe de train à 150 $ qui permet de voyager d’une extrémité à l’autre du pays».

Heureusement, le 1er janvier dernier, la reine Élisabeth a transmis à tous les Canadiens ses meilleurs vœux pour 2017, mais aussi ses félicitations à l’occasion du «150e anniversaire de la Confédération». Voilà l’expression qu’il faut utiliser. Radio-Canada, CBC, tous les journaux, postes de radio et de télévision devraient émettre une directive à cet effet.

On devrait aussi interdire toute annonce qui mentionne les 150 ans du Canada. Oui, je sais que ce n’est pas excitant de dire les 150 ans de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique ou de la Confédération canadienne, mais c’est la réalité.

La Nouvelle-France en 1745. (Illustration: Service national du récit de l'univers social, www.recitus.qc.ca)
La Nouvelle-France en 1745. (Illustration: Service national du récit de l’univers social, www.recitus.qc.ca)

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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