Benoît Cazabon est un linguiste qui a publié nombre d’articles et contribué à plusieurs livres sur l’enseignement du français langue maternelle. J’ai été un peu surpris d’apprendre qu’il avait publié un roman: Mattawa, à contre-courant. Cette œuvre de fiction ne dresse pas seulement le portrait d’une des premières municipalités du Nouvel-Ontario, elle explore aussi le sens des identités et des appartenances.
Le personnage principal du roman est le docteur Sylvain De Caseneuve qui arrive dans la communauté naissante de Mattawa, en 1889, pour y installer des services hospitaliers. Le roman prend la forme d’un journal que Caseneuve tient de 1889 à 1919.
À son arrivée en Ontario, il note aucune différence entre les Canadiens français de Mattawa et ceux du Québec. La rivière des Outaouais ne semble pas une frontière.
Une partie du roman décrit les démarches pour obtenir une école française à Mattawa à l’aube du Règlement XVII. Une école française ou un député canadien-français, peu importe. «On peut être second dans une grande ville ou dans un petit village.»
«Il semble que les Canadiens français vivaient toujours en seconds, peu importe où se jouait la pièce.» Tel est le sentiment qui anime Caseneuve et que Cazabon fait ressortir tout au long du roman. Son personnage doit sans cesse «travailler à contre-courant», d’où le titre du roman.