Un tout petit roman de 140 pages fait beaucoup de bruit. Il s’agit de Vie animale, traduction de We The Animals, de l’Américain Justin Torres. Selon Esquire, «ce roman détonne par son lyrisme électrique et sa prose coup de poing. Torres possède un talent indomptable.»
Au départ, le style surprend. C’est très saccadé et parfois déroutant. Il y a un étrange mélange de candeur et de cruauté, de poésie et de langage cru dans ce premier roman de Torres. On y devine des accents autobiographiques. Le narrateur n’est jamais nommé; ce «je» est un des trois frères protagonistes.
L’histoire est campée aux États-Unis et met en scène une famille pour le moins dysfonctionnelle. Paps est d’origine portoricaine, Ma est blanche et ils ont trois enfants. Au début, Manny a 10 ans, Joel a 8 ans et «je» a 7 ans. «Trois frères, Trois mousquetaires. Trois histoires.»
Cette famille est une vraie jungle. Les parents s’aiment, se battent. Au milieu du chaos, trois garçons tentent de grandir, entre crises conjugales et manque d’argent, entièrement soumis aux accès de colère ou de tendresse de leurs parents. La vie animale est âpre. Mais l’imaginaire est sans limite.
Torres raconte son enfance, mais pas au premier degré. Il a tout assimilé son passé pour façonner son présent. Les trois garçons sont «juste une poignée de graines que Dieu a jetées dans la boue et le crottin de cheval». Ils sont tout seuls sans pour autant devenir effrayés, dépossédés ou fragiles. «Ils étaient tout en possibilités.»
Peu de gens lisent les remerciements qui figurent parfois à la fin d’un livre. Justin Torres remercie toute une flopée d’amis, de lecteurs et d’institutions. Ces derniers mots de reconnaissance sont: «Enfin, et immensément, Graham Plumb, je t’aime.»