à Tukkata
Parlons un peu de Thaïlande, pour changer… cette Thaïlande au raffinement inouï, désormais reconnue comme un des hauts lieux de la gastronomie – et de la diététique – mondiales, au point où même sa version «cuisine rapide», préparée à la hâte dans les gargotes des pires quartiers de nos métropoles, fait figure de haute cuisine à comparer à ce que nous réserve l’Amérique et son nivellement du goût par l’absurde.
Ce raffinement se manifeste à la fois par la subtilité des dosages, le soin extrême apporté à la présentation et la quantité de travail que cela représente, c’est-à-dire, en somme, la suprême élégance de ne pas compter ce qu’il y a de plus précieux: le temps.
Penseriez-vous une seconde, par exemple, que la coutume fût d’offrir, pour un anniversaire quelconque ou pour la Saint-Valentin… une vieille pâte d’amandes moite, voire quelques bouchées au grand-marnier cautionnées par un grand chocolatier, donc inattaquables par le commun des mortels et sécurisantes pour ceux ou celles qui cherchent à faire plaisir sans trop prendre de risques?…
Eh bien non, on offrira des miniatures de fruits et de légumes faites de «mung beans» (apparentés aux pousses de soja), artistiquement façonnées à la main, peintes à la main, vernies à la main, totalement comestibles malgré (et peut-être à cause de) l’énorme travail de fabrication, l’affection, le don de soi qu’elles dénotent. Pensez-vous que ces joyaux soient banalement présentés sur le plateau en carton-pâte ou dans les petites alvéoles de papier ciré ou plastifié qui enveloppent généralement les truffes au chocolat? Pas du tout: une soucoupe antique du temps d’Ayutthaya sera le récipient naturel de cette offrande…