À la fin de la Walkyrie de Richard Wagner, Wotan qui condamne sa fille Brunnhilde à un sommeil infini au haut d’une montagne, se repent et entoure sa fille d’un cercle de feu magique. Seul un héros véritable pourra le traverser, assurant ainsi à sa fille d’être secourue par un homme digne d’elle.
C’est ce à quoi renvoie le titre The Magic Fire de l’Américaine Lillian Groag, née en Argentine, qui a étudié en France et obtenu un doctorat en littérature française, ce qui explique certaines références à Proust et à la mémoire involontaire.
L’intrigue
L’action se passe dans la capitale de l’Argentine, Buenos Aires, quelques jours avant, puis après la mort d’Eva Peron. La narratrice et personnage central, Lise Berg se définit comme suit : «Je suis une immigrée dans un pays d’immigrés». Elle raconte son enfance, telle qu’elle l’a vécue, il y a 35 ans.
Cette enfance a été protégée par son père Otto, juif viennois (Ric Reid) et sa mère Amelia, catholique italienne (Sharry Flett), deux mélomanes cultivés, chacun ayant un faible pour les grands musiciens de son pays natal, soit Strauss soit Puccini et Verdi.
Les parents de Lise ont fui des pays fascistes. C’est sans doute ce qui les pousse à fermer les yeux sur les injustices sociales du régime tout aussi fasciste de Juan et d’Evita Peron. Le feu magique les protège des impuretés de l’extérieur de leur cercle que forme le clan familial. Mais non pas tout à fait, puisque le feu magique n’opère pas assez pour garder à distance quelques étrangers : un voisin (Dan Chameroy), la bonne (Waneta Storms) et un ancien ami (Jay Turvey).