Après Le Racisme expliqué à ma fille (1998) et L’Islam expliqué aux enfants et à leurs parents (2002), Tahar Ben Jelloun publie Le terrorisme expliqué à nos enfants. L’écrivain croit que les jeunes sont une proie privilégiée pour la peur, surtout suite aux attentats de janvier et de novembre 2015 à Paris. Il cherche donc à les aider à se libérer de cette peur.
L’ouvrage se présente comme un entretien entre Tahar Ben Jelloun et sa fille, dont le nom n’est pas mentionné. On sait que l’écrivain d’origine marocaine a deux fils et deux filles (Meriem et Ismane). Peut-être est-ce à cette dernière que s’adresse le père, mais cela importe peu, car les question/réponses ne sont qu’une technique pour alléger un texte très fouillé, très docte, très dense.
Dès les premières lignes, Ben Jelloun note qu’il ne faut pas sous-estimer la capacité des enfants «à entendre ce qui dérange, à se confronter à l’horreur». Les enfants ont droit à la vérité. Expliquer des faits n’équivaut pas à justifier ni innocenter. Le but est de mieux comprendre.
L’auteur note d’abord que le terrorisme n’est pas une pensée ou une philosophie, mais plutôt un moyen, un mode d’action. «C’est le recours à la force et à la violence contre des personnes ou des biens dans le but d’obliger un gouvernement à satisfaire des demandes…» Le but est de semer la peur, d’amener chaque personne à se dire «cette victime, ce pourrait être moi».
Les réponses sont parfois assez longues car elles traitent de sujet aussi variés que le cas de la Palestine, Boko Aram, l’État de droit, la charia, Daesh, Charlie Hebdo, la fatwa, le kamikaze, etc.
Bien que le terrorisme soit imprévisible, l’État doit respecter les limites imposées par le droit. Il ne peut pas appliquer les mêmes méthodes que les terroristes, soit recourir à la peur. «Il y a autant d’honneur et de noblesse dans la résistance que de lâcheté et d’ignominie dans le terrorisme.»