Jacques Bertin, géant discret de la chanson française

Pour la première fois à Toronto le 20 octobre

Jacques Bertin (photo: Alain Lauzier)
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Publié 11/10/2016 par François Bergeron

Jacques Bertin est «sans doute le plus important chanteur français depuis Brel et Ferré», a dit le journal Le Monde. «Un des grands poètes de la chanson (…) Une voix riche, chaude, nuancée qui n’a pas d’égal dans le monde de la chanson aujourd’hui», confirme Dominique Denis.

Le chroniqueur musical torontois et créateur du cours de français langue seconde Parlons chanson fait venir ce géant discret le jeudi 20 octobre à 20h dans le cadre intimiste du Heliconian Hall, une ancienne église en bois, à l’acoustique parfaite, dans le quartier Yorkville.

Auteur-compositeur, poète et musicien (à Toronto il sera seul sur scène avec sa guitare), Bertin a été journaliste culturel, biographe de Félix Leclerc et, visiteur fréquent du Québec, il est l’auteur du guide Le dépanneur: le Québec de A à Z vu par un Français. Il est aussi romancier: dans Du vent, Gatine! (Un rêve américain), ses protagonistes sont des Français issus de la haute société, qui suivent leur rêve d’émigrer dans l’Ouest canadien au 19e siècle.

À 69 ans, il n’est connu en France que des experts, et dans le monde que des passionnés de la chanson française. Il évolue depuis un demi-siècle «dans le ventre de la chanson», un art qu’il sert avec intelligence, passion et intégrité, assure Dominique Denis.

Ce mélomane et amoureux de la chanson à texte suit Bertin depuis longtemps, sans comprendre pourquoi il restait largement inconnu du grand public, en France comme chez nous, malgré 26 albums (le dernier, Seul, dans le paysage, est sorti cet été).

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«Cela s’explique par le fait qu’à ses débuts, dans la vingtaine, il a refusé une offre d’adhérer à la maison de disques d’Eddie Barclay», raconte Dominique Denis à L’Express. «Il a préféré la liberté qu’offrait une plus petite maison, avec pour conséquence qu’il n’a pas profité d’une promotion importante et n’a pas tourné aussi souvent dans les grandes salles de concert.»

Jacques Bertin est donc un chanteur doublement «rare»: à la fois hors du circuit officiel du show-business (tout de même trois fois récipiendaire du Grand Prix de l’Académie Charles-Cros) et d’une envergure artistique qui le classe parmi les plus grands: en Europe Brel, Ferré, Brassens, chez nous Rivard, Vigneault, Leclerc.

Traversant les années avec la même constance, «sa voix et ses textes n’ont rien perdu de leur qualité et de leur puissance», selon Dominique Denis.

«Je cherche mon humanité, sachant évidemment qu’elle est commune», expliquait Bertin dans Le chant d’un homme, un documentaire qui lui a été consacré en 2006. «Je vis l’aventure de la chanson comme quelque chose où l’on va à la recherche de sa propre humanité.»

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Ses thèmes de prédilections sont les souvenirs, l’attachement au territoire, l’amour… «Ce sont des chansons adultes, matures. Jacques Bertin, c’est tout le contraire de l’artifice et de l’esbroufe!»

«Une chose qui est admirable chez Bertin», poursuit Dominique Denis, «c’est qu’il a un profond respect et une connaissance encyclopédique des grandes chansons. Bien qu’il ait écrit des douzaines des chefs-d’oeuvre et pourrait donc s’en tenir à son propre répertoire, il met aussi son immense talent d’interprète au service des autres» en reprenant des oeuvres de Ferré, Vigneault ou encore Prévert et Cosma.

Dominique Denis
Dominique Denis

Un animateur de radio a demandé récemment à Dominique Denis de lui sélectionner les 20 meilleures chansons de Bertin. «Je l’ai rappelé pour lui dire que je ne pouvais pas lui en envoyer moins de 60!»

La soirée du 20 octobre «dans cette salle à échelle humaine qu’est le Heliconian Hall, où la voix et les mots atteignent directement chaque personne, c’est exactement l’idée que je me fais d’un concert», indique Dominique Denis, qui a été directeur artistique de l’Alliance française de Toronto pendant les années où elle a considérablement développé son offre culturelle, juste avant la construction du théâtre.

Ce concert de Jacques Bertin, qui lui a été proposé par l’imprésario Pierre Jobin qui gère sa tournée au Québec, serait le premier d’une série que Dominique Denis souhaiterait organiser à Toronto au cours des prochaines saisons. «Chaque fois, j’inviterai les francophones et francophiles à découvrir ou redécouvrir un grand artiste de la chanson dans un cadre propice à l’écoute et au partage.»

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En première partie de Jacques Bertin, on aura droit à Emilyn Stam et John David Williams (du Lemon Bucket Orkestra), un duo qui élabore un langage musical au carrefour de diverses traditions (blues, blegrass, musique des balkans) qu’ils réinventent par le biais de l’improvisation.

L’événement est présenté par les Productions Parlons Chanson en partenariat avec L’Express, le Bureau du Québec à Toronto, la TFS – L’école internationale du Canada, le Consulat général de France à Toronto, le Département d’Études françaises de l’Université de Toronto, la Société d’histoire de Toronto, le Théâtre la Tangente, Gestion financière Assante, CHOQ-FM et la brasserie Steam Whistle.

Billets: 30$ en vente à http://bertin.brownpapertickets.com

Jacques Bertin (photo: Norbert Denis)
Jacques Bertin (photo: Norbert Denis)

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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