Débauche de puissance au XXe siècle

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Publié 07/02/2012 par Gabriel Racle

Alors que notre XXIe siècle connaît les premières contestations, crises ou turbulences en tout genre de sa préadolescence, dans tous les domaines ou presque, économique, climatique, politique, social, catastrophique ou autres, ce n’est peut-être pas une mauvaise idée que de voir ce que le siècle précédent nous a apporté et comment son évolution peut nous inspirer.

C’est en tout cas «Un bilan du XXe siècle» que nous propose Questions internationales, publié par La documentation française, dans son numéro de novembre-décembre 2011.

«Un bilan du XXe siècle: entreprise audacieuse, que l’on pourrait trouver prématurée. Vingt ans après la disparition de l’URSS, dix ans après le 11 septembre, qui en marquent l’achèvement politique, les changements sont suffisamment accusés pour justifier un regard rétrospectif et par là même éclairer les changements en cours.»

Cette ouverture de l’éditorial est suivie d’un dossier de quelque 80 pages, qui aborde, sous la plume de différents spécialistes, huit sujets principaux, complétés par des encadrés éclairant un aspect complémentaire des événements marquants de ce siècle.

Il s’agit donc d’une sorte d’inventaire évaluatif basé sur ce que l’éditorialiste appelle «des coups de sonde», que d’autres articles prolongent et prolongeront dans les numéros suivants, avec des questions d’actualité.

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Les registres de la démesure

Le premier article passe en revue ces «registres de la démesure» qui caractérisent divers aspects du XXe siècle. «De façon générale, le XXe siècle semble marqué par une débauche de puissance sur divers registres, puissance et registres multipliés et démultipliés, allant jusqu’à l’excès, la démesure…»

Cette dilatation de la puissance, c’est-à-dire des moyens d’action disponibles, est «le phénomène dominant». Il se traduit dans divers domaines, en fait tous les domaines de l’activité humaine.

Quelques exemples: la puissance politique qui passe outre à la démocratie et donne lieu à des régimes totalitaires. La puissance scientifique et technologique qui produit des instruments et des moyens qui transforment la nature et les sociétés, avec par exemple le pétrole qui offre une énergie que ne pouvait accorder le charbon, alors que, toujours dans ce siècle, le nucléaire «semble ouvrir une ère encore plus active».

Et le siècle a, de ces faits notamment, connu «une course quantitative autant que qualitative à des armements dont la capacité a été indéfiniment accrue, et les deux conflits mondiaux en ont été le fruit autant que le véhicule».

Positivement, ce siècle est celui de la vitesse, de la conquête de l’espace. C’est celui de la connaissance. Au XVIIIe siècle, Le siècle des lumières, «l’homme était bon, au XIXe il était perfectible – ouvrir une école, c’est fermer une prison. Au XXe, il est méchant».

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Le siècle des masses et du totalitarisme

«Le totalitarisme constitue sans doute la partie la plus noire du bilan du XXe siècle. La spécificité du phénomène et celle de l’époque sont probablement à chercher du côté des “masses”, qu’on analyse le totalitarisme comme produit de masse faisant irruption dans l’histoire, qu’on le présente comme une machine tendant à produire et à homogénéiser ces masses, ou que l’on insiste sur la violence et l’horreur de masse qui le caractérisent.»

Cet article, dont nous venons de citer l’exergue, traite du produit des masses, de la massification, produit de la guerre, des massacres de masse et débouche presque tout naturellement sur le texte suivant, «Un siècle de guerre, de massacres et de génocides», qui se termine pourtant par une conclusion optimiste.

«Malgré le spectre agité de l’insurrection islamiste globale, le temps n’est sans doute plus aux grandes idéologies totalisantes, ni au culte de la guerre et de la force, ni aux mobilisations du peuple par des États tout-puissants. Le XXe siècle est bien fini.»

Autres sujets

Il n’est possible, dans ce court article, que d’aborder superficiellement quelques thèmes, souvent illustrés par des graphiques et des cartes explicatifs en couleur, pour inviter le lecteur intéressé à prendre une connaissance complète de ce très intéressant document, dont les articles suscitent non seulement une réflexion sur le passé, mais aussi sur l’avenir, à partir des tendances qui se dégagent ou s’estompent.

Un chapitre porte sur la «troisième révolution industrielle» «portée par l’information et l’Internet – ce que l’on résume désormais sous l’appellation “numérique”. En la comparant aux deux précédentes – celle de la mécanisation et celle de l’énergie – on peut mettre en évidence les phénomènes de rupture qu’elles ont en commun et faire apparaître ce qui fait l’originalité de l’économie informatisée».

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Faut-il retenir du XXe siècle qu’il est «Le siècle de l’abondance?». Faut-il prendre acte de «La mort et de la transfiguration de l’Europe», marquée par les soubresauts que nous voyons aujourd’hui? Et de nous rappeler que nous vivons dans le prolongement du «siècle des médias», incontestablement.

Questions internationales paraît six fois par an. Le dossier principal des prochains numéros: Révolutions arables, Le Brésil, La Russie, L’humanitaire.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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